
Les enfants et adolescents avec un trouble autistique peuvent avoir des difficultés à comprendre l’humour, ce qui les rend plus vulnérables face aux moqueries et au harcèlement. Ils peuvent avoir du mal à interpréter les intentions des autres, en particulier lorsqu’il s’agit d’humour. Mais la différence entre plaisanterie, taquinerie et moquerie s’apprend.
Qu’appelle-t-on plaisanterie, taquinerie ou moquerie ?
# La plaisanterie : c’est une manière amusante de solliciter l’autre et de rire AVEC lui. C’est une marque d’affection et de familiarité entre deux ou plusieurs personnes.
# La taquinerie : c’est parfois rire d’un comportement ou de la parole d’une personne MAIS l’intention doit TOUJOURS être bienveillante et sans méchanceté.
# La moquerie : elle a pour but d’intimider l’autre. C’est rire DE l’autre avec une intention qui est TOUJOURS malveillante. Par exemple, se moquer de quelqu’un qui tombe et se fait mal ou encore se moquer de l’apparence physique d’un camarade pour le blesser et l’humilier.
Quels sont les repères à donner à son enfant pour savoir s’il s’agit d’une plaisanterie, d’une taquinerie ou d’une moquerie ?
Quelles sont les personnes à l’origine de l’humour ?
Lorsqu’une plaisanterie ou une taquinerie provient d’une personne de ton entourage proche, comme un membre de la famille, un ami ou un copain, il est probable qu’elle soit bienveillante. Cela veut dire que cette personne n’a pas l’intention de te blesser, mais cherche à s’amuser ou à taquiner de manière amicale ou affective.
Quel est le contexte social ?
Lorsque l’on est deux personnes (toi et la personne qui fait de l’humour) il est vraisemblable que l’humour soit bienveillant : l’autre ne veut pas se moquer de toi pour se mettre en valeur.
Par contre dans les situations de groupe (par exemple, le groupe classe ou le groupe à la récréation), il est possible que celui qui fait de l’humour le fasse pour se mettre en valeur en se moquant de toi.
A la maison, avec sa famille ou avec ses amis proches, même si il s’agit d’un groupe, l’intention est souvent positive: passer un bon moment entre amis ou entre membres de la famille.
Est ce que les autres personnes autour de toi rient ? est-ce que c’est partagé par tous ? ou d’autres paraissent ne pas trouver cela drôle ?
Si l’humour ne semble pas plaire à tout le monde, il est probable que cela ne soit pas que de la plaisanterie. Surtout lorsqu’une autre personne dit « arrête » et que cela ne s’arrête pas, alors il y a de grandes chances pour que la plaisanterie soit une moquerie mal intentionnée.
La récurrence de l’humour ? Une plaisanterie c’est bien, trop souvent c’est trop !
Lorsque l’humour est employé de temps en temps (une ou deux fois par jour par exemple), il s’agit le plus souvent d’une plaisanterie.
Par contre, si l’humour est employé sans cesse par différentes personnes de ton entourage (par exemple, par différents copains de la classe), il y a des chances pour que l’humour ne soit pas bienveillant.
Quels sont les signes non-verbaux émis par la personne à l’origine de l’humour ?
Il est utile de regarder les yeux, la bouche et l’expression globale du visage. Lorsqu’il s’agit d’une plaisanterie, habituellement nous observons des mimiques souriantes et joyeuses (yeux, bouche, expression globale du visage).
A l’inverse, un visage qui n’exprime aucune émotion ou exprime des signes négatifs (bouche, yeux, expression du visage à caractère négatif) témoigne très probablement d’une moquerie ou d’un acte mal intentionné.
Quels sont les indicateurs dans la voix de celui/celle qui est à l’origine de l’humour ?
Un ton de voix sans agressivité, joyeux, un peu chantant et léger est également un signe que la personne plaisante probablement.
Un ton de voix plus neutre, plus grave, plus rapide, plus intense peut signifier que la personne qui fait de l’humour est malveillante.
Les mots et les thèmes de l’humour
Si les mots paraissent blessants (“t’es gros”, “t’es moche”) ou si l’humour est contre toi (“regardez comme il est bizarre”, “vous avez vu qu’il porte des lunettes moches”), alors il y a de grandes chances qu’il s’agisse de moquerie et pas de plaisanterie.
Comment agir en cas de moquerie ?
1. En parler à une personne de confiance pour valider son ressenti
Encouragez votre enfant à se tourner vers quelqu’un de confiance, comme un parent, un frère, une sœur, un.e ami.e ou un.e professeur.e.
Cela l’aidera à exprimer ce qu’il/elle ressent et à obtenir du soutien.
Cela permettra aussi de vérifier qu’il s’agit bien de moquerie. La limite est souvent difficile à percevoir, d’où la nécessité de demander de l’aide à une personne de confiance.
2. Ne pas s’isoler
Suggérez à votre enfant d’éviter de rester seul.e. Il/elle peut rejoindre un groupe d’enfants avec lequel il/elle se sent en sécurité. Cela permet de se sentir moins vulnérable face aux moqueries.
3. Ignorer les moqueurs
Expliquez à votre enfant que parfois, il est préférable d’ignorer les enfants qui se moquent de lui/elle. Plus il/elle réagit, plus les moqueurs seront encouragés.
Si la moquerie persiste, aidez-le/la à exprimer ses sentiments. Votre enfant peut dire quelque chose comme : « Arrête, ce n’est pas gentil, ça me fait de la peine ».
4. Ne pas réagir de la même façon « en Miroir »
Expliquez-lui que répondre par des moqueries ne fera qu’aggraver la situation. Il est préférable de rester calme et de ne pas entrer dans le même jeu.
5. Faire le disque rayé
Faire le disque rayé, c’est répéter calmement la même phrase encore et encore face à quelqu’un qui insiste ou harcèle. Cela montre qu’on reste ferme sans entrer dans le conflit. C’est une technique pour poser ses limites sans se laisser déstabiliser.
6. Valider ses émotions
Si votre enfant montre des signes de tristesse ou de colère, rassurez-le/la. Expliquez lui que c’est normal de se sentir ainsi lorsque quelqu’un se moque de lui/elle. Pointez que ce comportement est inacceptable.
7. Utiliser un tableau des émotions
Si votre enfant a du mal à exprimer ses émotions, proposez-lui un tableau des émotions. Cela lui permettra de mieux communiquer ce qu’il/elle ressent. Cela l’aidera à associer une situation désagréable à une émotion ressentie.
8. Demander des excuses
Demandez à l’enfant qui se moque de présenter ses excuses. Si c’est votre enfant/adolescent qui se moque, en faire de même pour qu’il intègre que ce n’est pas une conduite à tenir tout en expliquant que ce comportement est blessant pour l’autre.
Si la moquerie se répète dans le temps, il s’agit probablement de harcèlement. Consulter notre fiche ici.
Exemples pour s’entraîner en cas de plaisanterie, taquinerie ou moquerie
Exemple 1 :
Un ami te raconte une blague et tout le monde rit ensemble = c’est une PLAISANTERIE. La situation est légère, tout le monde partage un moment agréable.
Exemple 2 :
Un copain se cache avant ton arrivée pour te surprendre = c’est une PLAISANTERIE. L’intention est de créer un moment de surprise amusant, sans méchanceté.
Exemple 3 :
Un groupe d’amis joue dans un jardin et l’un d’eux arrose les autres avec un pistolet à eau, provoquant des rires et une bataille d’eau = c’est une PLAISANTERIE.
Cependant, si certains disent: « On ne veut pas être mouillés, arrête », cela montre que tout le monde ne s’amuse pas de la même manière.
La plaisanterie est encore présente, mais elle ne plaît pas à tout le monde. Il est alors important de respecter ceux qui ne souhaitent pas participer.
Exemple 4 :
Cacher le stylo d’un copain pour rire, puis le lui rendre rapidement avec un sourire = c’est une TAQUINERIE.
Ce type de comportement reste amusant tant qu’il n’est pas répété sans arrêt et que la personne ne se sent pas agacée.
Exemple 5
À la maison, tu remarques que ta sœur a les cheveux décoiffés et tu lui dis : « Oh, on dirait une sorcière avec tes cheveux en l’air. » Si elle se met à pleurer et crie : « Arrête, c’est méchant ! » = c’est une MOQUERIE.
Tu dois t’arrêter tout de suite et t’excuser : « Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser ».
Exemple 6
Tu parles d’un dessin animé que tu aimes à ton cousin, et il te répond en rigolant : « C’est nul, ton dessin animé est nul ! » = cela aussi est une MOQUERIE.
Tu peux lui dire calmement : « C’est blessant, tu peux me le dire autrement ». Si cela continue, éloigne-toi, et si nécessaire, demande de l’aide à un adulte.
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