Comment adapter le travail scolaire des enfants ayant un trouble d’apprentissage du langage écrit ?

Sandrine Larger, Caroline Monnard, Josée Vesta, Orthophonistes

Centre de Référence des Troubles du Langage et des Apprentissages, Centre d’Excellence des Troubles du Neuro-développement, Hôpital Robert Debré, Paris

Nous savons que le travail à la maison en complément du travail à l’école peut être bénéfique pour les enfants ayant un trouble d’apprentissage du langage écrit. Au delà de ce fait, il peut arriver que, pour une raison ou pour une autre, votre enfant n’aille plus à l’école pendant quelques jours (ou plus) : l’aide des parents est alors de mise.

Nous avons donc élaboré cette fiche afin de vous guider au mieux.

QUELQUES GRANDS PRINCIPES À CONNAÎTRE AVANT DE COMMENCER

D’abord, il faut avoir en tête que la difficulté d’apprentissage, en lecture et en orthographe, a des conséquences en termes de :

  • Mobilisation attentionnelle en lien avec l’effort à fournir, d’où une fatigabilité plus importante et parfois un découragement face aux tâches à accomplir.
  • Gestion de situations de multitâche : lire, comprendre, agir, écrire.
  • Organisation et la planification du travail.

RECOMMANDATIONS

1. Généralités

· Privilégier la qualité plutôt que la quantité. ENCOURAGEMENTS, BIENVEILLANCE et VALORISATION seront indispensables pour soutenir les efforts de votre enfant.

· Etablir un emploi du temps avec des séquences de travail adaptées au rythme de l’enfant.

· Verbaliser les objectifs, et en fin de séquence, faire une courte fiche récapitulative sur le vocabulaire appris, la notion travaillée, l’orthographe des mots.

· Afficher les éléments à retenir en simplifiant au maximum la notion ; ponctuellement, encourager le rappel des notions précédentes :

  • « C’est quoi déjà un adjectif ? »
  • « Que veut dire …. ? »
  • « Rappelle moi les mots qu’on a appris hier ? »

2. Accompagnement de la lecture

L’entraînement à la lecture est nécessaire mais il faut rendre l’exercice ludique et agréable ; outre les supports purement scolaires, on peut stimuler le déchiffrage sur des supports variés : une recette de cuisine, un mode d’emploi, une règle de jeu. Ainsi, la lecture deviendra un outil fonctionnel et non uniquement scolaire.

· Au moment du travail scolaire, solliciter la lecture quand cela est nécessaire mais soulager l’enfant en lisant à sa place si ce n’est pas un objectif prioritaire : par exemple, la leçon de grammaire ou d’histoire peut lui être lue.

· Lecture des consignes :

o Les faire lire oralement à votre enfant et s’assurer de la compréhension.

o Surligner les mots importants.

o Utiliser des couleurs pour séquencer les demandes : « Que doit-on faire en premier, en deuxième …… ? ».

o Reformuler quand le message n’est pas compris.

· Lecture des textes longs :

o Alterner la lecture entre l’enfant et le parent, soit une phrase chacun, soit un paragraphe chacun.

o S’assurer de la compréhension des mots, en donnant le sens des mots immédiatement de façon très simplifiée (ne pas renvoyer l’enfant vers le dictionnaire…), et noter au fur et à mesure les «nouveaux mots» dans un carnet pour les réutiliser dans le langage courant, ou éventuellement dans des phrases.

o S’assurer de la compréhension du texte lu à l’aide de questions ouvertes ou en choix multiple, on peut aussi faire dessiner les éléments de l’histoire.

3. Accompagnement pour la transcription (le travail à l’écrit)

Soulager au maximum l’écrit :

  • Ne faire recopier ni texte, ni consigne, ni liste de mots.
  • Utiliser tous les supports possibles : ardoise, tableau, lettres mobiles, clavier
  • Proposer des exercices à trous (ex : « le sorcier porte un grand… » /chapeau/) ou des choix multiples (ex : « les enfants…… joue/jouent/joues »)

· Pour l’apprentissage orthographique :

o Lister les mots par points communs : soit par sons (mots avec le son « p » ou « b », ou « aill/ouill/euill »… ou bien ceux en « eur »…), soit par analogies orthographiques (mots qui comportent un « h » muet, des doubles consonnes, ou ceux qu’il faut apprendre par cœur).

o Marquer en couleur la difficulté pour faciliter la mémorisation : chorale, orchestre ou toujours, jamais, alors

o Proposer aussi des lettres à remettre en ordre : [l-o-r-s-a] à « alors », ou des choix multiples : alore/alors/alort.

o Demander à l’enfant d’épeler les mots à l’endroit ou à l’envers (pour ceux qui sont courts), ce qui peut aider à la mémorisation.

o Lors des dictées, cibler des mots précis : mots appris, notion orthographique travaillée (ex : aill/ouill/eill ; s/ss), accord grammatical (pluriel, sujet/verbe…).

· Lors de la production d’écrits (raconter une histoire, décrire une image, répondre à une question, faire un résumé…) :

o Bien cerner la demande.

o Formuler à l’oral d’abord pour juger de la qualité de la réponse par rapport à la consigne.

o Lors du passage à l’écrit, considérer l’orthographe comme secondaire. Privilégier alternativement la construction de la phrase, les idées, le vocabulaire, la ponctuation.

o Aider l’enfant dans le rédactionnel : écrire éventuellement les phrases à sa place ou en les tapant sur l’ordinateur. Comme pour la lecture, on pourra aussi le faire en alternance.

Partager la fiche
Articles similaires

Ce site ne remplace en rien un avis médical. En cas d’urgence, appelez le 15 ou le 112.