Comment gérer les comportements d’opposition et les crises de colère ?

Rédigé par Dr Emma Barron, Dr Alicia Cohen, Dr Alexandre Hubert, Pr Richard Delorme, Dr Eva Stantiford

L’opposition : qu’est-ce que c’est?

L’opposition est pour l’enfant un moyen d’apprentissage et fait donc partie des phases clés de son développement. C’est aussi une manière pour lui de tester les limites ou de rechercher l’attention de ses parents.  

Ces comportements peuvent être fréquents et difficiles à gérer durant certaines périodes.    

Ne vous inquiétez pas, ne vous sentez pas coupable. C’est aussi un processus habituel auquel chaque parent doit faire face.  

 

10 stratégies pour prévenir les comportements d’opposition

  1. Donnez des consignes simples et claires : il est important de donner des règles simples et claires afin que votre enfant puisse les comprendre. Il est préférable de donner une seule consigne à la fois. Ces consignes doivent être formulées de manière positive et respectueuse par exemple « s’il te plait parle doucement » au lieu de « arrête de crier ».
  2. Priorisez vos demandes : choisissez des règles qui sont vraiment nécessaires pour la bonne dynamique familiale. Soyez pragmatiques et mettez en place des règles réalisables en fonction de l’âge de votre enfant.
  3. Anticipez les demandes : par exemple vous pouvez dire à votre enfant « dans cinq minutes ce sera le temps du dîner » ou « quand tu auras fini de lire la page il faudra prendre ton bain ».
  4. Restez quelques secondes à côté de votre enfant après la consigne : après avoir donné une consigne restez à côté de l’enfant et surveillez qu’il fasse ce qu’on lui a demandé, de manière à ce que vous vous assuriez qu’il a compris la consigne, vous pouvez aussi l’aider au début.
  5. Renforcer la motivation de votre enfant : si quelques consignes s’avèrent difficiles à réaliser par votre enfant, vous pouvez établir un tableau à points avec 2-3 consignes à respecter par jour (cf fiche « économie de jetons »).
  6. Respectez le cadre tous les jours – Ne vous contredisez pas avec ce que vous avez dit la veille : l’enfant ne comprendra pas si vous le grondez pour une activité si la veille vous n’avez pas réagi.
  7. Félicitez et encouragez les comportements positifs : si votre enfant respecte les règles : félicitez-le. C’est la meilleure manière pour maintenir ce bon comportement. Au fur et à mesure, les consignes seront respectées systématiquement et elles deviendront une routine.
  8. Évitez de vous retrouver en opposition avec votre conjoint lorsque vous établissez les règles de vie de la maison : il est important d’essayer d’anticiper au maximum les règles éducatives que vous voulez mettre en place à la maison. Il faut en discuter si possible entre parents au préalable, par exemple le soir lorsque les enfants sont couchés, et vous mettre d’accord. Il y a souvent un parent plus strict et un parent plus « cool ». Essayez de faire un entre deux, faites confiance à l’autre. Si cela ne fonctionne pas, alors il n’est jamais trop tard pour changer les consignes.
  9. Utilisez l’humour – Favorisez la désescalade – évitez la confrontation trop directe. L’humour permet souvent de casser la dynamique d’opposition de votre enfant, vous pouvez aussi proposer une autre activité. Sa rigidité le conduit souvent à s’opposer à vous. En faisant de l’humour ou en changeant de sujet ou d’activité, il acceptera un peu plus vos stratégies.
  10. Évitez les paroles humiliantes et irrévocables : c’est un point très important. Ne critiquez pas la personne mais vous pouvez critiquer son comportement par exemple « je n’aime pas quand tu ne manges pas proprement ». Cela permet aussi a l’enfant de comprendre ce qu’il n’a pas bien fait et doit améliorer. Toutes les paroles qui pourraient humilier ou dénigrer votre enfant ( « t’es un nul » ou « t’es vraiment un idiot ») sont à bannir. Cela renforce la mauvaise image de soi qu’a l’enfant dans ces situations d’opposition. Cela peut même avoir pour conséquence de renforcer l’opposition ( « Pourquoi devrais-je écouter alors que tout le monde me trouve nul ? »).

Que faire lorsque l’opposition est là ? 

 

  1. Établissez un contact physique et oculaire : Si l’enfant vous désobéit, approchez-vous de lui, sans vouloir le menacer de votre présence physique. Il est important de se mettre à sa hauteur et d’établir un contact oculaire. Vous pouvez aussi établir un contact physique comme lui tenir les mains si nécessaire. Une fois que vous avez son attention vous pouvez alors lui expliquer ce qu’il ne doit pas faire et lui proposer une alternative.

 

  1. Réagissez de manière graduée en fonction de l’importance de la désobéissance : par exemple lui enlever un jouet, tablette … pour une durée de temps courte et limitée (quelques minutes) en lui expliquant pourquoi. Après ce temps, vous pourrez lui rendre. S’il répète le comportement que vous avez interdit, vous pouvez lui retirer son jouet (ou ce que vous lui avez retiré précédemment) pour une durée de temps un peu plus longue. En cas de colère vous pouvez proposer un temps calme (5 -10 minutes) pour qu’il se calme.

 

  1. Réguler sa réaction et s’y tenir : bien souvent, nous avons tendance à vouloir poser des limites fortes à ses enfants « Tu seras privé de jeux vidéo pour toute une semaine » « Tu ne pourras plus appeler tes amis de toute la semaine ». Evitez des sanctions que vous ne pourrez pas tenir. Si vous décidez d’imposer une sanction il faut qu’elle soit mesurée et réalisable. Dans le cas contraire votre enfant comprendra que vos punitions ne sont pas tenues et cela renforce l’idée d’impunité et le fait de pouvoir continuer les comportements non désirés. Restez ferme mais juste et privilégiez la récompense à la punition.

Si une crise de rage ou de colère survient, comment vais-je pouvoir la gérer ?

Lorsque la famille est soumise à beaucoup de tension, il n’est pas impossible que votre enfant face à des situations de frustration (qui sont des facteurs de risque de déclenchements) puisse faire des crises de colère ou de rage en ce moment.

Il va donc falloir les gérer de la meilleure manière possible, afin de préserver l’harmonie familiale. Le message clef est de ne pas faire « d’escalade » durant la crise, c’est-à-dire réagir comme un miroir face à votre enfant.

Voici quelques stratégies comportementales à mettre en place si vous êtes dans cette situation.

10 stratégies pour gérer la crise

  1. Rester calme devant votre enfant qui vous insulte et vous frappe est loin d’être simple. Votre enfant va chercher à vous entrainer dans sa crise, en criant, en vous provoquant, vous suivant dans la maison jusqu’à obtenir une réaction de votre part.

  

  1. Appliquez un temps de retrait : limitez les interactions avec votre enfant en le mettant dans sa chambre ou dans une autre pièce. S’il refuse d’y aller par lui-même, vous pouvez l’accompagner. Attention cette phase est souvent difficile. Essayez de ne pas trop parler et ne lui faites pas mal en l’accompagnant. C’est pour cela que l’accompagner est une bonne solution. En général, l’enfant vous suivra facilement si vous vous déplacez.

 

  1. S’il ne respecte pas ce temps de retrait, vous pouvez essayer de fermer la porte en expliquant à l’enfant que ce temps de retour au calme est nécessaire. Ne cherchez pas à négocier avec lui à travers la porte. N’intervenez plus, à moins d’une mise en danger de l’enfant. 

  

  1. S’il ne respecte toujours pas ce temps de retrait, et qu’il tambourine à la porte. Vous pouvez entrer dans la pièce, vous asseoir sur une chaise et faire semblant de lire. Faites semblant de ne pas le voir, ayez l’air occupé à regarder un livre ou un journal. En général les enfants détestent que ses parents soient indifférents à leur crise. Ne cherchez pas à négocier avec lui. Restez calme. N’intervenez plus, à moins d’une mise en danger de l’enfant. 

  

  1. Évitez que la crise ne se généralise à toute la famille. Essayez de demander aux autres enfants d’aller dans leur chambre ou une autre pièce. Evitez de vous disputer entre adulte. Quand il y a une crise comme cela, très rapidement tout le monde se dispute. 

  

  1. Les autres enfants de la fratrie ne doivent pas assister à la crise. Faites les sortir de la maison ou essayez de les mettre dans une autre pièce.

  

  1. Si vous êtes deux adultes à la maison, pensez à vous relayer auprès de l’enfant en crise. Cela permet aussi de souffler. En général on ressent soit même beaucoup de tension. 

  

  1. Ne parlez pas trop pendant la crise. Restez simple. Ce n’est pas le moment pour interroger votre enfant sur ce qu’il ressent, ni pour lui faire la morale. Votre enfant est débordé par ses émotions, il n’est pas accessible à la discussion. Plus vous le relancez, plus vous prolongez la crise.

  

  1. Après la crise (ouf), il faut reprendre la situation à froid avec votre enfant. Il faut réagir à froid, une fois que vous et votre enfant serez dans un état émotionnel stable.

  

  1. Évitez les punitions car l’enfant n’a pas assez de contrôle sur son comportement pour éviter les crises, la punition risque d’augmenter sa colère et baisser son estime de lui. Privilégiez la réparation, en permettant à votre enfant de réparer les dégâts matériels qu’il a causé durant la crise. Donnez-lui des missions d’intérêt général, comme mettre le couvert, ou passer l’aspirateur. Accompagnez votre enfant pour les premières tâches.

 

Est-ce que la colère que j’ai ressentie en tant que parent est normale ?

Vous avez peut-être ressenti de la colère contre votre enfant, de la culpabilité si vous avez perdu le contrôle de votre comportement pendant la crise, mais aussi de l’empathie pour votre enfant qui souffre, ou même un sentiment de découragement dans votre rôle de parents. Ces émotions peuvent aussi se superposer, il faut les accepter.  

Pour vous aider, essayez de vous renseigner sur les étapes du développement de vos enfants : ainsi, vous pourrez ajuster vos demandes, vos attentes, vos réactions aux besoins/compétences de vos enfants selon leur âge.  Listez vos priorités et lâchez prise. Regardez vos enfants, apaisez votre colère et suivez votre instinct.

 

Partager la fiche
Articles similaires

Ce site ne remplace en rien un avis médical. En cas d’urgence, appelez le 15 ou le 112.