Le harcèlement scolaire peut concerner tous les élèves, mais certains enfants sont plus souvent visés que d’autres.
Leur vulnérabilité ne vient pas d’eux, mais de facteurs parfois bien identifiables : contexte scolaire, différences visibles, difficultés sociales ou traits de personnalité.
Comprendre ces facteurs de risque, c’est pouvoir intervenir plus tôt, renforcer la vigilance des adultes et mieux protéger les enfants.
Voici les principaux éléments à repérer.


Être au collège


Le passage du primaire au collège marque souvent une période de transition importante. Au collège, les dynamiques sociales évoluent, les groupes se forment, et les élèves cherchent à trouver leur place dans un nouvel environnement. Cette période est souvent marquée par une augmentation des comportements de harcèlement. À l’inverse, en école primaire, les enseignants interviennent souvent plus vite et les relations entre élèves sont plus encadrées.


Avoir des aménagements scolaires ou être dans un enseignement adapté


    Les enfants bénéficiant d’un accompagnement spécifique, comme un AESH (Accompagnant d’Élève en Situation de Handicap) ou des aménagements tels que le tiers-temps pour les évaluations, peuvent être perçus comme « différents ». De même, les élèves inscrits dans des classes adaptées (SEGPA, EREA) ou spécialisées (ULIS) sont parfois stigmatisés en raison de préjugés autour de ces dispositifs.


    Différences perçues


    Les enfants qui se distinguent par leur apparence physique, leur manière de parler, ou leurs habitudes peuvent rapidement attirer l’attention des harceleurs. Ces différences incluent :

    • Caractéristiques physiques : taille (très grand ou petit), poids (surpoids ou maigreur), couleur de peau, port de lunettes, présence d’un handicap visible.
    • Habitudes culturelles : accent, origines étrangères, pratiques religieuses, habitudes alimentaires.
    • Style vestimentaire ou apparence : choix de vêtements atypiques, cheveux colorés, ou tout autre élément qui sort de la norme perçue par le groupe.

    Les différences, bien qu’elles soient une richesse, sont souvent perçues comme des failles par les harceleurs, qui cherchent à exploiter ces singularités pour blesser ou exclure.


    Timidité ou introversion


    Les enfants naturellement réservés ou introvertis ont tendance à éviter les confrontations, ce qui peut les rendre plus vulnérables aux attaques. Ces enfants peuvent hésiter à se défendre ou à parler de leurs problèmes, ce qui permet parfois au harcèlement de persister sans intervention.


    Faible estime de soi


    Les enfants qui manquent de confiance en eux ont parfois du mal à poser des limites claires ou à s’affirmer face à un comportement inapproprié. Cette faiblesse perçue peut encourager les harceleurs, qui exploitent ce manque d’assurance pour asseoir leur pouvoir ou provoquer une réaction émotionnelle.


    Difficultés sociales


    Les enfants ayant du mal à nouer des relations amicales ou à interagir avec leurs pairs peuvent se retrouver isolés. L’absence de soutien d’un groupe d’amis rend l’enfant plus vulnérable, car les harceleurs visent souvent ceux qui semblent seuls ou marginalisés. Ces enfants peuvent également avoir des difficultés à comprendre les codes sociaux, ce qui peut les amener à ne pas percevoir le harcèlement comme tel.


    Talents ou succès marqués


    Il peut sembler paradoxal que la réussite attire le harcèlement, mais exceller dans un domaine spécifique (sport, musique, arts, études, etc.) peut parfois susciter des comportements jaloux ou agressifs. Par exemple, un élève qui reçoit régulièrement des compliments pour ses bonnes notes peut être perçu comme une menace par d’autres enfants, ce qui peut déclencher des moqueries ou des provocations. Les enfants avec de bons résultats scolaires peuvent aussi se faire harceler pour effectuer le travail scolaire à la place du harceleur. 


    Être dans une classe avec une mauvaise ambiance générale 


    Dans une classe où règne une ambiance conflictuelle, les élèves peuvent adopter des comportements hostiles pour s’affirmer ou prendre l’ascendant sur les autres. Ces tensions peuvent dégénérer en harcèlement, particulièrement envers les élèves perçus comme vulnérables. De plus, dans un environnement où l’entraide et la solidarité sont faibles, il est plus facile pour un harceleur de cibler une victime sans être freiné par les autres.


    Pourquoi ces facteurs sont-ils importants à identifier ?


    Chaque enfant est unique, et la présence d’un ou plusieurs de ces facteurs ne signifie pas qu’un enfant sera forcément victime de harcèlement. Cependant, en étant attentif à ces signaux, parents et enseignants peuvent :

    • Identifier rapidement les situations à risque et intervenir avant qu’elles ne dégénèrent.
    • Créer un environnement scolaire bienveillant où les différences sont valorisées et non stigmatisées.
    • Encourager les enfants à s’affirmer et à demander de l’aide en cas de problème.

    Les mots-clés sont  vigilance et prévention. Comprendre ces facteurs de risque permet de briser la dynamique du harcèlement avant qu’elle ne s’installe, et d’assurer à chaque enfant une expérience scolaire positive et sécurisante.


    Pour aller plus loin, consultez nos fiches et nos vidéos sur le même sujet.


    Références

    Auteurs

    Alicia COHEN-FREOUA
    Psychiatre

    Richard DELORME
    Chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Psychiatre

    Florence BAILLIN
    Psychiatre

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