
Qu’est-ce qu’un accès hyperphagique ?
Un accès hyperphagique (ou binge-eating en anglais) est un épisode pendant lequel une personne consomme une grande quantité d’aliments, rapidement, avec une sensation de perte de contrôle. Ces épisodes sont souvent suivis de culpabilité, de honte, de dégoût de soi, et peuvent survenir sans qu’aucune faim ne soit ressentie au départ.
Ils sont souvent associés à un mal-être, une impulsivité ou une surcharge émotionnelle (stress, colère, tristesse…).
Ces épisodes peuvent apparaître dès l’enfance, mais sont plus fréquents à l’adolescence.
À ne pas confondre avec le grignotage, qui désigne des prises alimentaires plus petites, étalées dans la journée, souvent par habitude ou ennui, sans perte de contrôle. Pour aller plus loin sur le grignotage cliquez ici. |
Quand s’alerter?
L’hyperphagie est associée à des changements dans ses habitudes alimentaires
- Mange en grande quantité à certains moments (par exemple, le soir) et très rapidement
- Sans avoir faim, sans ressentir de satiété, même après avoir beaucoup mangé, jusqu’à l’inconfort ou parfois même la douleur,
- Privilégie certains types d’aliments : très sucrés, très gras ou très salé
- A tendance à grignoter toute la journée (en plus des phases d’hyperphagie)
- Préfère manger souvent seul(e) ou en cachette (souvent dans sa chambre) et cache ce qu’il mange (emballages dans la chambre, aliments qui disparaissent…).
- Les épisodes de prise alimentaire peuvent survenir à différents moments inhabituels (après le goûter, la nuit) ou dans des lieux inhabituels (dans la salle de bain, les toilettes)
L’hyperphagie est associée à des changements émotionnels ou comportementaux
- Exprime de la culpabilité, de la honte, ou du dégoût de soi souvent après avoir mangé.
- Devient plus irritable, anxieux, tendu ou triste que d’habitude.
- Ment sur ce qu’il a mangé, ou se met sur la défensive quand on aborde le sujet.
- Peut aussi avoir des difficultés de concentration ou une baisse de motivation à l’école.
- Rapporte un soulagement paradoxal durant la phase de prise alimentaire.
L’hyperphagie est associée à des changements visibles sur son corps ou son quotidien
- Prise ou perte de poids rapide, sans raison apparente.
- Fatigue persistante, manque d’énergie.
- Se plaint de troubles digestifs (maux de ventre, inconfort, ballonnements…).
- A une baisse d’estime de lui-même, se sent “nul”, “sans volonté”.
- Est préoccupé par son corps ou son alimentation.
L’hyperphagie est associée à des changements dans sa gestion du poids
- Vomissements
- Sport à outrance
- Jeûne régulier qui alterne avec les phases d’hyperphagie
- La prise de laxatifs et de diurétiques pour favoriser la purge ou d’hormones thyroïdiennes pour accélérer son métabolisme.
Des situations très différentes… mais un point commun : la sensation de perte de contrôle
Tous les enfants ou adolescents qui ont des accès hyperphagiques ne se ressemblent pas. Les comportements peuvent varier d’un jeune à l’autre, et même évoluer avec le temps. Mais un élément revient toujours : la sensation de ne pas pouvoir s’arrêter de manger.
Cette hyperphagie s’intègre t-elle dans un trouble alimentaire?

Ce que vous pouvez essayer dès aujourd’hui
Notez ce que vous observez (moments, types d’aliments, réactions de votre enfant). Ces éléments aideront grandement le professionnel si vous décidez de consulter.
Essayez d’avoir au moins un moment par jour sans pression autour de la nourriture (goûter tranquille, repas sans remarques…). Pas besoin de parler du problème : l’objectif est de réinstaller un peu de sécurité dans la relation à table.
Sans poser de questions intrusives, soyez attentif à ce qui déclenche ou suit les épisodes : est-ce après l’école ? Le soir ? Après une dispute ? Avant un contrôle ? En lien avec une émotion forte ? Parfois, on découvre des schémas simples mais invisibles dans le rythme quotidien.
Et surtout, ne restez pas seul·e avec vos doutes. Même si vous ne savez pas si c’est « grave », en parler à un professionnel peut vous aider à poser un cadre, sans attendre que la situation s’aggrave.
Si vous avez reconnu votre enfant dans tout ou partie de ce qui est décrit ici, pas de panique. Il ne s’agit pas de tout diagnostiquer soi-même, ni de tout régler immédiatement. Mais mettre des mots sur ce qui se passe est déjà un premier pas important. Cela vous aidera à mieux repérer les signes, à ouvrir le dialogue, et à chercher l’aide la plus adaptée.