Mon enfant mange des choses qui ne se mangent pas : que faire ?

Qu’est-ce que le PICA ?

# Le pica est un trouble rare des conduites alimentaires. 

# On parle de pica lorsqu’une personne, âgée de plus de 2 ans, mange une ou plusieurs substance(s) non comestibles (terre, papier, tissu, colle, craie, peinture, cailloux, savon, mégots de cigarettes, autres…) de manière répétée et persistante pendant au moins un mois. 

# La forme la plus répandue serait la géophagie c’est-à-dire l’ingestion de terre (boue, argile, craie).

# Dans certaines parties du monde, le fait de manger des choses non comestibles fait partie de pratiques culturelles (rites religieux, traditions, médecines traditionnelles …).

# Attention, avant l’âge de 3 ans, un comportement d’exploration avec la bouche est normal. L’enfant est curieux, il expérimente et met à la bouche des choses parfois non comestibles et peut les manger si l’adulte ne l’en empêche pas. Il est donc important de proposer des jouets sécurisés et des activités adaptées à l’âge et d’être vigilant. Si ces comportements persistent en grandissant, une évaluation médicale à la recherche d’un syndrome de pica est nécessaire.

Pourquoi mon enfant mange-t-il des choses qui ne se mangent pas ?

# Un trouble du neurodéveloppement (trouble du spectre de l’autisme, déficience intellectuelle, trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, schizophrénie…) Certains enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme apprécient de mâchouiller des objets en raison d’une hypersensibilité ou d’une curiosité excessive. Les enfants ayant un trouble déficit de l’attention avec hyperactivité ont parfois besoin de stimuler leur bouche. Ils mâchonnent souvent des objets comme les vêtements. Les déficiences intellectuelles peuvent altérer la capacité à faire la différence entre ce qui se mange et ce qui ne se mange pas. Les adolescents atteints de schizophrénie peuvent parfois développer des comportements alimentaires atypiques comme du pica à cause des symptômes psychotiques et/ou d’un autre trouble neurodéveloppemental associé et/ou des effets secondaires des traitements.

# Un trouble psychiatrique tel que l’anxiété, la dépression, voire la schizophrénie à début très précoce peut s’associer, dans certains cas, à un pica. L’anxiété peut amener l’enfant à opter pour des comportements alimentaires atypiques. Ici, le fait de manger peut avoir pour fonction d’apaiser temporairement l’anxiété. Un épisode dépressif peut s’associer, dans certains cas, à un pica. Les adolescents atteints de schizophrénie peuvent parfois développer des comportements alimentaires atypiques comme du pica à cause des symptômes psychotiques et/ou d’un autre trouble neurodéveloppemental associé et/ou des effets secondaires des traitements.

# Une carence alimentaire : certaines carences en fer et en zinc sont décrites comme associées à la survenue de pica, leur exploration et supplémentation doit être systématique. 

# Une maladie neurologique sévère (épilepsie, encéphalite ..etc) : tous les troubles sévères affectant le développement du cerveau et son fonctionnement peuvent s’associer dans certains cas à un pica.

Quand s’inquiéter ?

• Votre enfant âgé de plus de 2- 3 ans ingère régulièrement des substances non comestibles Cela persiste depuis plus d’un mois.
• Cela impacte sa santé : douleurs abdominales, constipation, intoxications, parasites, etc…
• Vous observez des signes associés : difficultés de communication, difficultés d’interactions sociales, comportement inhabituel par rapport aux enfants du même âge, autres troubles des conduites alimentaires comme ne pas manger assez ou manger toujours la même chose.

Que faire ?

# Protéger votre enfant : Surveillez votre enfant et sécurisez son environnement : éloignez les objets ou substances dangereuses (petits objets, produits toxiques) ainsi que les objets qu’il peut avoir l’habitude de manger.

# Éviter un renforcement du comportement de Pica – Évitez les jugements : ne le punissez pas, cela peut accentuer le comportement problématique. 

# Diriger l’enfant vers des explorations adaptées. Encouragez l’utilisation d’objets sûrs pour explorer (jouets adaptés à son âge ou à son âge développemental). Proposer des objets adaptés pour la mise en bouche comme un collier de mastication (lien hoptoys). 

# Observez s’il y a des déclencheurs émotionnels (stress, ennui) afin de mettre en place des stratégies pour gérer les évènements déclencheurs et diminuer leur impact.

# Valorisez les comportements positifs et offrir des alternatives positives : dans un environnement sécurisé, félicitez l’enfant lorsqu’il joue sans mettre l’objet à la bouche ou s’il met en bouche des objets prévus à cet effet.

# Renforcez les apprentissages par le jeu et la communication.

# Aidez-le à exprimer ses émotions.

# Surveiller les complications éventuelles et identifier les causes sous-jacentes :

° S’assurer de l’absence de carences nutritionnelles (manque de fer, zinc, vitamine D …). rééquilibrage de l’alimentation sera nécessaire  en cas de carence ou d’apports insuffisants. Des dosages sanguins sont nécessaires

° S’assurer de l’absence d’intoxication au plomb (pouvant être présente notamment dans certaines peintures anciennes et dans la terre ou en jouant avec des soldats de plomb ou canalisation ancienne au plomb). Des dosages sanguins sont nécessaires pour vérifier l’absence d’intoxication au plomb.

° S’assurer qu’il n’a pas de parasites (attrapés par exemple en mangeant la terre). La plupart du temps, il faut donner tous les 6 mois un vermifuge pour s’assurer que votre enfant n’est pas infecté par des parasites. DAns ce rare cas, il faut faire une exploration parasitaire des selles

° S’assurer qu’il n’abîme pas ses dents: consulter un dentiste tous les 6 mois environ. Si votre dentiste n’arrive pas à examiner votre enfant qui a un trouble du neurodéveloppement, il existe en Ile-de-France des dentistes formés aux soins pour les enfants avec un handicap. (Consultez le lien ici).

° S’assurer de l’absence de retard dans le développement psychomoteur, de l’absence de trouble neurodéveloppemental. En cas de trouble associé, le pica pourra faire partie intégrante d’une prise en charge plus globale au sein d’une équipe pluridisciplinaire (pédopsychiatre, psychologue, orthophoniste, éducateur spécialisé, diététicienne…).

Vers quels spécialistes s’orienter ?

# Les thérapies cognitives et comportementales (TCC), par un ou une psychologue, aident les enfants à renforcer les comportements adaptés et à se défaire des comportements problématiques. C’est une thérapie brève, validée scientifiquement qui porte sur les interactions entre pensées, émotions et comportements et s’intéresse aussi aux facteurs qui favorisent le maintien d’un comportement problématique. Elle est adaptée aux enfants ayant accès au langage.

# Les thérapies comportementales comme la méthode ABA (Applied Behavioral Analysis), peuvent donner des résultats positifs chez les enfants avec pica. Cette prise en charge comporte un programme de techniques de modification du comportement et de développement de compétences. La méthode ABA, souvent utilisée avec les enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme et/ou une déficience intellectuelle, analyse les liens entre le comportement et l’environnement. Elle est appliquée à la vie quotidienne, dans des situations concrètes. Dans le cadre du pica, elle permet d’identifier les comportements inappropriés et de les réduire, voire de les supprimer.