Que faire pour aider mon enfant qui a des accès d’hyperphagie? 


Gérer le quotidien des repas


Maintenir les rythmes des repas 

  • Maintenez 4 temps alimentaires par jour, à horaires et à intervalles réguliers. Ce cadre limite les pics de faim et favorise la régulation naturelle des prises alimentaires.
  • C’est dans la répétition des petits gestes que votre enfant peut retrouver une forme de sécurité alimentaire.
  • Aidez-le à manger lentement, à mastiquer, à reconnaître ses signaux de rassasiement, sans le surveiller.
  • Essayer de passer au minimum 20 minutes à table, en particulier le midi et le soir

        Gérer les conflits

        • Soyez bienveillants et évitez les repas en solo autant que possible. Même un goûter partagé peut changer la dynamique 
        • Ne parlez pas de “régime” ou de restrictions même si votre enfant est en surpoids.  Ces discours renforcent les sensations de privation et alimentent les crises.

        Favoriser les rituels rassurants

        • Après le repas, proposez une activité calme et plaisante : une série apaisante, un jeu de cartes, une balade, écouter de la musique. 
        • Rompez le cycle isolement-culpabilité sans forcer la parole, soyez disponible, proche, mais pas trop.

        Juste après une crise hyperphagique : comment réagir ?


        # Ne sur-réagissez pas, même si vous êtes inquiet ou déstabilisé. Votre calme est un repère.

        # Offrez un moment neutre, sans parole obligée : une présence silencieuse, un espace calme. Cela suffit souvent à désamorcer la culpabilité.

        #  Quand c’est possible, aidez-le à mettre des mots sur ce qu’il ressent : sans chercher l’explication.

        # Favoriser l’apaisement – sans jugement. Si vous vous sentez mal à l’aise vous même,  demandez de l’aide à votre conjoint(e)/mari-femme/ami(e)/grand-parents.


        L’accompagner dans la durée : être là, même quand ça stagne


        Les crises hyperphagiques évoluent souvent par phases. Il est normal que les progrès soient lents, non réguliers, parfois quasi  invisibles.

        # Valorisez d’autres signes d’amélioration que le poids : une crise de moins cette semaine, un repas partagé, un peu moins de honte, une nuit plus calme.

        # Aidez votre enfant à se fixer de nouveaux repères : “Tu t’es arrêté plus tôt aujourd’hui”, “Tu as demandé à manger au lieu de te cacher.”

        # Félicitez votre enfant sans sur-jouer. Un “Je suis fier de toi” vaut souvent plus que mille conseils.

        # Impliquez-le sans le contrôler : cuisinez ensemble, demandez-lui des idées de menus, faites les courses ensemble. Cela permet de redonner du pouvoir sans enfermer dans la culpabilité.

        # Si la motivation baisse (surtout en l’absence de perte de poids), rappelez-lui qu’il ne s’agit pas de tout réussir d’un coup, mais d’avancer un peu à la fois.


        L’accompagner dans la durée : Travailler sur la motivation… sans faire du poids l’unique repère


        # Observez et relevez les signes concrets de changement, même s’ils vous semblent petits :
        “Tu as accepté de manger avec nous ce soir”,“Tu as su t’arrêter avant de te sentir mal”,“Tu t’es moins isolé après le repas”, “Tu en as parlé, alors qu’avant tu gardais tout pour toi”.

        # Aidez-le à se reconnecter à ce qu’il ressent dans son corps, autrement qu’à travers son poids ou son apparence. Vous pouvez lui poser des questions simples, sans pression, comme : “Tu te sens un peu plus en forme cette semaine ?” ou “Tu dors mieux en ce moment ?” Cela lui permet de remarquer les petits mieux-être du quotidien, au-delà du chiffre sur la balance.

        # Faites équipe avec lui, sans pression – Construisez ensemble un projet commun :
        “Je vois que ce n’est pas facile tous les jours, mais tu avances. Moi je suis là, on continue ensemble.”

        # Aidez-le à garder en mémoire les progrès passés : tenez un petit carnet, ou rappelez de temps en temps ce qui allait moins bien il y a quelques semaines.

        # Évitez les compliments focalisés uniquement sur le poids ou l’apparence. Préférez des phrases comme :“Tu as l’air plus tranquille aujourd’hui”, “Je te trouve courageux(se)”,“Je sais que tu fais des efforts, même quand ça ne se voit pas.” Nous vous recommandons de lire également la fiche suivante sur l’insatisfaction corporelle, 5 actions pour aider votre enfant.

        # Ranger la balance. Les pesées quotidiennes ou pluriquotidiennes entretiennent une focalisation excessive sur le poids. Le médecin généraliste ou le pédiatre et le diététicien pèse votre enfant lors des rendez-vous de suivi et c’est suffisant, sauf recommandation particulière du médecin.


        Prévenir les rechutes : un pas de côté, pas un retour à zéro


        # Même quand tout semble aller mieux, il peut arriver que votre enfant re-fasse une crise. Cela ne signifie pas que tout est perdu. Dans le cadre des  crises hyperphagiques, les rechutes sont fréquentes. Elles font souvent partie du processus de guérison, et peuvent même en être une étape.

        # L’important est de ne pas les dramatiser et de rester disponible. Votre attitude dans ces moments-là peut faire toute la différence. Juste après une crise, il est souvent inutile de chercher des explications ou d’en discuter à chaud. Votre présence calme et bienveillante est ce qui compte le plus. Un simple « Je suis là si tu veux » suffit parfois à apaiser plus qu’un long discours.

        # Évitez d’encourager, même involontairement, une forme de compensation comme sauter un repas ou faire plus de sport. Cela ne fait qu’entretenir la culpabilité. Reprenez simplement les repères du quotidien : les quatre repas, un climat apaisé, des activités ressourçantes après manger. Revenir à ce cadre de base, sans commentaire, est déjà un soutien précieux.

        # Rappelez à votre enfant que les rechutes ne remettent pas en question les progrès accomplis. Il a déjà avancé. Une crise n’annule pas ses progrès. Ce n’est pas un retour à la case départ, juste un moment plus difficile. L’aider à s’en souvenir peut l’aider à ne pas se décourager.

        # Pensez aussi à faire le point avec les professionnels qui l’accompagnent : parfois, un ajustement du suivi, un changement de rythme ou de priorité, peut relancer la dynamique. Et même si les crises diminuent et s’espacent, garder un suivi permet d’ancrer les acquis. C’est souvent quand tout semble aller mieux qu’on relâche… et que l’on perd les bénéfices construits lentement.


        Demander de l’aide à des  professionnels qui peuvent aider votre enfant


        # Nécessite différents intervenants, impliquant couramment des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et un soutien nutritionnel, ainsi qu’un suivi médical par le médecin traitant et par un pédopsychiatre. 

        # Un suivi nutritionnel et une TCC pourront également l’aider à établir une relation plus adaptée avec la nourriture, et à développer de nouveaux comportements face aux aliments problématiques. Les diététiciens peuvent proposer des plans alimentaires adaptés et des conseils pour aider à réguler les habitudes et pulsions alimentaires. Cela aidera également votre enfant dans l’équilibre de son poids. Attention, les régimes sont à bannir. Ils aggravent les TCA.

        # Prenez en charge les comorbidités psychiatriques et somatiques associées, des traitements médicamenteux.   des antidépresseurs ou parfois des anxiolytiques, peuvent être prescrits par un pédopsychiatre pour aider à stabiliser son humeur et à réduire les symptômes liés à l’hyperphagie, en complément de la TCC. 

        # En parallèle, il peut également être utile pour les familles d’envisager de débuter une thérapie familiale.  Cet espace, reconnu comme efficace dans le traitement des TCA, permettra à chaque membre de la famille de pouvoir mieux comprendre les accès hyperphagiques et l’impact sur la famille, mais également de pouvoir échanger avec l’enfant dans un espace sécurisé, en présence de professionnels.

        # Initier  un suivi bi-annuel chez le dentiste pour prévenir et traiter les complications bucco-dentaires liées aux accès hyperphagiques répétés.


        Consultez nos vidéos en suivant ce lien.


        Références

        Auteurs

        Emma WEIGEL
        Psychologue

        Marie HOOREMAN
        Infirmière

        Barbara WALLET
        Diététicienne

        Anaël AYROLLES
        Psychiatre

        Coline STORDEUR
        Psychiatre

        Partager la fiche