Accueillir un enfant réfugié dans sa classe : Comment repérer des signes de stress chez son élève et comment l’aider ?

Rédigé par Dr Alicia COHEN, Pr Richard DELORME, pédopsychiatres ; Hélène PONCET KALIFA, psychologue ; Florence MARCHAND Directrice du Centre scolaire Hôpital Robert Debré

Anxiété et troubles de l'humeur
Fiches pour tous

Il vous arrive de recevoir parfois des enfants qui ont fui leur pays et qui sont considérés comme réfugiés en France.  La plupart d’entre eux ont vécu une situation extrêmement stressante ou un événement bouleversant leur vie. Ils ont peut-être dû fuir leur pays en état de guerre, assisté à des scènes de violences, ou encore voyagé dans des conditions difficiles pour arriver en France. Leur situation de réfugiés peut elle aussi être source de stress du fait de son caractère précaire. Ces enfants peuvent parfois présenter des troubles du comportement ou des réactions atypiques en classe, au delà même des barrières de la culture ou de la langue 

L’accès des enfants réfugiés à une scolarité est primordial car elle leur garantit une autonomie en leur donnant les compétences nécessaires pour une future vie d’adulte indépendante. Une intégration réussie de ces enfants dans les classes est donc importante. 

Cette fiche vise à aider les enseignants et les équipes éducatives à repérer les symptômes de stress exprimés par  les enfants et ainsi accompagner au mieux les élèves réfugiés au sein de votre classe.. Le défi initial étant l’intégration, avant d’entamer les apprentissages. 

 

1- Comment reconnaître des signes de stress important chez un élève réfugié ?

# Difficultés de concentration en classe : l’élève peut avoir des difficultés à se concentrer sur son travail à cause de ruminations anxieuses autour de l’événement stressant, de sa propre sécurité et celle de sa famille, ou de son avenir par exemple. Les troubles du sommeil (causés par le stress ou par les conditions de logement) peuvent aussi être responsables de difficultés de concentration. Ces difficultés risquent de gêner l’élève dans les apprentissages. 

# Conduite d’évitement : l’élève peut éviter les situations ou les personnes qui lui rappellent l’événement stressant ou qui lui paraissent menaçantes. Ainsi il peut refuser certaines consignes de l’adulte en classe ou dans les temps extra-scolaires. Ce comportement ne doit pas être confondu avec de l’opposition. 

# Hypervigilance : l’élève paraît sur le qui-vive en permanence, il sursaute au moindre bruit ou geste brusque. Il semble agité ou nerveux. 

# Agressivité : l’élève peut faire des crises de colère ou se montrer violent (contre lui-même ou contre les autres). 

# Anxiété de séparation : l’élève pleure lorsque l’adulte qui s’occupe de lui le dépose à l’école ou a tendance à vous suivre dans vos déplacements dans la classe ou en dehors.   

# Plaintes physiques : maux de ventre, mal à la tête, douleurs aux jambes ou aux bras sans raison apparente : Les enfants anxieux ou tristes peuvent parfois exprimer fréquemment avoir des plaintes que l’on comprend mal.

# Régression dans les acquisitions : Par exemple, l’élève développe une énurésie secondaire, il vous sollicite beaucoup pour l’accompagner dans son travail, ou il refuse de manger seul à la cantine.

 

2- Comment accompagner au mieux cet élève ?

# Établir avec l’adulte s’occupant de l’enfant une relation de confiance. Prenez autant que possible du temps pour le tenir au courant des progrès de l’élève en classe et aussi des difficultés qu’il peut rencontrer. 

# Afficher en classe un emploi du temps visuel clair avec les moments forts de la journée, facilement accessible. L’enfant pourra s’y référer de manière autonome lorsqu’il se sent perdu. 

# Privilégier des activités en petit groupe pour aider les nouveaux élèves à s’intégrer et à se familiariser avec la langue française.  Vous pouvez aussi nommer un ou plusieurs élèves comme référent vers qui se tourner si besoin. 

# Prononcer le prénom de l’élève de la manière dont il était appelé dans son pays de naissance. L’enfant comprendra ainsi qu’il est accepté avec sa culture et son histoire. 

# Briser la barrière de la langue en utilisant certains outils comme « Google traduction » pour traduire les mots clefs importants : les noms des matières, les chiffres, les temps forts de l’emploi du temps…  Vous pouvez aussi donner un lexique aux autres camarades pour favoriser les interactions avec l’élève nouveau arrivant. Ne pas hésiter à utiliser la communication  non-verbal pour le valoriser (pouce levé, sourire…) et les supports visuels. 

#Autoriser l’enfant à garder en classe un objet qui le rassure. Plus serein, l’élève sera plus disponible pour les apprentissages.

#  Mettre en lien des élèves et leur famille avec d’autres familles de l’école ayant la même culture ou la même langue. Cela permettra aux élèves nouvellement arrivés de se sentir moins isolés, de pouvoir plus facilement parler de ce qu’ils ressentent et aussi de partager les jeux ou les chansons avec des enfants qui ont la même culture qu’eux.  

# Pour aborder la situation de l’élève avec le reste de la classe et susciter leur empathie, vous pouvez par exemple leur demander de se rappeler comment ils se sentaient après un grand changement comme un déménagement ou un changement familial. 

# Ne chercher pas à tout prix à ce que l’enfant vous raconte ce qu’il a vécu. Attendez plutôt que cela vienne de lui. Si l’élève se confie à vous, essayez de le faire dans un moment privé, pas devant toute la classe. Écoutez-le avec bienveillance et empathie. Dès que cela vous semble nécessaire, vous pouvez l’adresser vers le médecin ou psychologue scolaire qui pourra orienter l’enfant vers un suivi. 

# En cas de de crise ou moment de panique de l’élève, isoler l’enfant du reste de la classe et rassurez-le avec des phrases simples « tu es en sécurité ici », « maintenant personne ne peut t’attaquer, nous te protégeons », « ici, il n’y a pas de guerre ». 

# Demander de l’aide dès que vous sentez que c’est nécessaire. Vous pouvez solliciter le service de santé scolaire (médecin scolaire, psychologue scolaire, assistante sociale) ainsi que le RASED pour des prises en charges pédagogiques plus individualisées avec des enseignants spécialisés.

# Favoriser la rencontre avec les parents. Faites des parents des partenaires privilégiés pour l’intégration de leur enfant dans votre classe. N’hésitez pas à les rencontrer régulièrement. Cela permettra d’améliorer la relation de confiance avec votre élève. Les parents sont souvent des positionnements assez contrastés, très évitants ou au contraire assez opposants. La patience paie.

 

Cas Spécifique pour les enfants réfugiés d’Ukraine

# Les écoles, collèges ou lycées sollicités par une demande de scolarisation d’enfant réfugié d’Ukraine, et quel qu’en soit le besoin particulier, doivent prendre attache avec la cellule Ukraine du rectorat :Par courriel : [email protected]  ou

Par téléphone : 0 800 200 146

# Pour demander de l’aide psychologique auprès d’un.e psychologue bénévole ukrainophone :  ici

# Accompagnement des enseignants accueillant des élèves arrivant d’Ukraine (Eduscol) : ici

# Comment repérer un état de stress aigu chez son enfant et comment l’aider ? (Fiche en Français, Ukrainien et Russe)  ici

 

Autres ressources pour les enseignants :

# Pour les élèves entre 11 et 18 ans, le CASNAV (Centre Académique pour le Scolarisation des enfants Allophones Nouvellement Arrivés et enfants issus de familles itinérantes et de Voyageurs) est un organisme au sein des rectorats de toutes les académies. Il permet des tests d’évaluation dans la langue d’origine et des affectations dédiées en fonction du niveau de l’élève (en UPE2A ou en milieu ordinaire). Casnav Académie de Paris, 14 bd d’Indochine 75019 PARIS Tel: 01 44 62 39 81 / 01 44 39 83 email: [email protected]

# Recommandations pour une meilleure intégration dans la classe d’enfants réfugiés souffrant de stress et de traumatisme : UNHCR Ici  Child Mind Institute Ici ;  American Psychological Association Ici; Organisation Mondiale de la Santé Ici

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