Comment éviter de transmettre votre anxiété à vos enfants ?

Observer son parent dans un état d’anxiété chronique peut être déstabilisant pour un enfant. Les enfants se tournent généralement vers leurs parents pour interpréter les situations ambiguës. Si un parent semble constamment anxieux ou craintif, l’enfant peut, par imitation, développer des sentiments de peur et d’inquiétude. En tant que modèle pour votre enfant, votre comportement influence le sien – mais cela ne doit pas être une source de culpabilité ou d’inquiétude.

Il peut être difficile de reconnaître que, malgré vos bonnes intentions, votre propre stress peut avoir un impact sur votre enfant. Si vous remarquez des signes d’anxiété chez votre enfant et que vous êtes vous-même sujet à l’anxiété, il est essentiel de ne pas culpabiliser. Cela ne ferait qu’amplifier les difficultés. Au lieu de cela, concentrez-vous sur des actions pour apaiser la situation et retrouver un équilibre émotionnel.

La transmission de l’anxiété parentale à l’enfant n’est pas une fatalité. Pour minimiser ce risque, il est important d’adopter des stratégies pour gérer votre propre stress tout en aidant votre enfant à mieux appréhender le sien. Cette double approche favorise un climat familial plus serein et réduit les impacts négatifs.


Apprendre les techniques de gestion du stress


# Partagez et apprenez à votre enfant les stratégies que vous utilisez quand vous faites face à des situations anxieuses. Il pourra ainsi utiliser ces techniques lorsqu’il se sentira anxieux. Par exemple, si vous faites de la relaxation, des exercices de mindfulness ou du yoga, vous pouvez faire ces exercices avec votre enfant.

# Donnez-vous des moments pour souffler. Cela vous permettra de garder ainsi plus d’énergie pour essayer à d’autres moments de garder un comportement calme et neutre devant votre enfant, même si vous vous efforcez de gérer votre anxiété.

# Evitez d’avoir recours à l’alcool, au tabac ou à l’usage de drogues pour faire face à l’anxiété. Si vous avez un traitement médicamenteux pour l’anxiété n’adaptez pas vous même le traitement sans l’avis d’un médecin. Attention boire le soir peut vous soulager sur l’instant mais à tendance à augmenter votre anxiété le matin.

# Dormez !! il faut veillez absolument à son rythme de sommeil. Il peut arriver que nous, parents, regardons la télévision ou visionnons des séries très tard. Donc nous dormons moins !! Attention cela entraine la plupart du temps une majoration de l’anxiété. Gardez une bonne hygiène de sommeil. C’est indispensable. Et si vous vous réveillez tôt, alors couchez vous tôt. Évitez de faire des siestes +++ car sinon vous risquez de ruminer la nuit (pour aller plus loin une fiche sommeil sera bientôt disponible).


Expliquer a posteriori à votre enfant que vous avez été anxieux


Si vous ne voulez pas que votre enfant soit témoin de chaque moment d’angoisse que vous vivez, vous ne devez pas pour autant réprimer constamment vos émotions. Il est normal – et même sain – que les enfants voient leurs parents faire face au stress de temps à autre, mais vous pouvez leur expliquer pourquoi vous avez réagi de cette façon.

Par exemple, si vous avez perdu votre sang-froid parce que vous avez eu peur dans une situation inconfortable (par exemple, un espace très fréquenté ou une interaction inattendue), vous pouvez ensuite expliquer : « Tu te souviens quand j’étais vraiment stressé ce matin ? … Je me sentais anxieux parce que je ne me sentais pas en sécurité dans cet environnement, et la façon dont j’ai géré mon anxiété a été de m’énerver. Mais il y a d’autres moyens de gérer le stress ».

Parler de l’anxiété de cette manière donne aux enfants la permission de ressentir du stress. À l’inverse, ne jamais autoriser ses enfants à nous voir triste, en colère ou anxieux leur donne comme message qu’ils n’ont pas la permission de ressentir ces sentiments, de les exprimer et donc pas la possibilité d’apprendre à les gérer.


Mettez en place un plan qui vous permettra d’anticiper les situations qui déclenchent votre anxiété


# Essayez de repérer les instants ou les situations qui déclenchent particulièrement votre anxiété. Par exemple si vous êtes plus mal le matin, essayez de vous lever un peu plus tôt pour vous détendre avant que vos enfants se lèvent. Ou si votre anxiété se déclenche lorsque vous écoutez les informations à la télévision ou lors des messages diffusez sur votre téléphone. Réduisez les contacts avec les informations durant cette période.

# Mettez en place plusieurs phases de détentes durant la journée : planifier dans la journée 3 ou 5 moments où vous essayez de vous ressourcer. Privilégier un temps de 5 voir 10 min pour écouter de la musique au casque, pour prendre une douche ou un bain, ou pour appeler un ami. Ces moments doivent être énoncés à vos proches pour éviter qu’ils viennent durant cette petite phase de pause. Souvent, vous le savez, les enfants viennent toutes les minutes vous parler quand vous êtes au téléphone.

# Essayez de mettre en place une activité sportive une fois par jour de 20 minutes comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé. Vous pouvez télécharger des applications sur votre téléphone pour faire ces temps d’exercice. Ces temps de sport ont montré leur efficacité quand on pratique tous les jours pour diminuer l’anxiété et l’humeur triste.


Savoir quand se désengager si vous sentez que certaines situations vous dépassent


# Si vous savez qu’une situation vous cause un stress excessif, vous pouvez prévoir de ne pas vous en charger afin que vos enfants ne l’interprètent pas comme une situation dangereuse. En général, si vous vous sentez submergé par l’anxiété en présence de votre enfant, dites-lui que vous voulez arrêter l’activité, sans l’inquiétez et que vous allez reprendre l’activité avec lui en fin de journée (période en générale où vous vous sentez mieux).

# Si vous êtes en couple, ou s’il y a un autre adulte qui est avec vous, demandez-lui de prendre votre relais si cela est possible quand vous sentez que vous ne pouvez plus gérer la situation. Il est préférable de prévenir l’autre adulte de votre situation émotionnelle. Attention, souvent lorsqu’un tiers est au courant de votre anxiété, nous avons tendance à moins nous autoréguler et notre anxiété à tendance à prendre plus de place que quand nous sommes dans l’obligation de nous autogérer. Veillez donc à ne pas trop utiliser l’autre adulte comme relais, au détriment de votre autonomie et de votre niveau anxieux.


Cherchez de l’aide dans le réseau qui vous entoure


# En dehors qui des personnes qui vivent avec vous, il n’y a beaucoup de personnes qui vous entoure. Votre famille, vos amis sont très proches. Vous pouvez leur confier votre anxiété. Vos proches sont toujours des alliés.

# Attention !!! Eviter de devenir complètement dépendant de ces appels. Ne les appelez pas toutes les 5 min. Essayez de mettre en place un programme d’appel c’est à dire de planifier les appels une ou deux fois par jour. Essayez de les appeler quand vous êtes mieux, dans la journée, plutôt que quand votre anxiété est au maximum.

Essayer d’être parent tout en luttant contre son propre stress peut être un défi, mais vous n’êtes pas obligé de le faire seul. Comptez sur les personnes qui interviendront lorsque vous vous sentirez dépassé par les événements, ou même qui vous apporteront leur soutien. Ces personnes peuvent être des thérapeutes, votre conjoint, des proches ou des amis.


J’ai des symptômes anxieux vraiment gênants– et je me sens épuisé, dépassé


En cas de symptômes anxieux importants, il est indispensable de prendre conseil auprès de votre médecin référent. Ne vous auto-médiquez pas. Beaucoup de psychiatres ou de psychologues proposent des consultations en présentiel ou par visioconférence. Si votre médecin traitant n’est pas disponible, n’hésitez pas à contacter des spécialistes des troubles anxieux ou de la santé mentale pour obtenir une aide appropriée.

Si vous avez des pensées suicidaires ou que vous vous sentez de plus en plus épuisé, il est crucial de consulter rapidement. Ne restez pas seul avec votre anxiété. Vous pouvez joindre des numéros d’écoute et d’aide disponibles à tout moment. Voici quelques suggestions :

Ces services sont disponibles pour vous écouter et vous accompagner.


Références

Auteurs

Emma BARRON
Psychiatre

Eva Marie STANTIFORD
Psychiatre

Alexandre HUBERT
Psychiatre

Richard DELORME
Chef du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Psychiatre

Coline STORDEUR
Psychiatre

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