Comment gérer les comportements d’opposition de mon adolescent ?

Rédigé par Emilie GARNIER et Myriam RUBINGHER (psychologues), Sonia AINSEBA (infirmière), Murielle ARCONTE (éducatrice spécialisée),  Eva STANTIFORD, Emma BARRON, Alexandre HUBERT (pédo-psychiatres) Cmp des Tourelles - service de pédopsychiatrie Hôpital Robert Debré

L’adolescence est une période de transition et de changements importants dans la vie d’un individu. C’est une étape marquée par des transformations physiques, cognitives et émotionnelles qui peuvent avoir un impact sur les comportements des adolescents. Il arrive qu’on observe pendant cette période une augmentation de l’opposition et qu’on ne sache pas comment gérer le comportement adolescent.

Tout peut être sujet à contestation et à opposition: les règles à la maison, les heures de sorties, la fréquentation de certains amis, la tenue vestimentaire, les devoirs, l’usage du téléphone, etc… et alors amener à des conflits plus ou moins importants.


5 bonnes habitudes à prendre pour limiter les comportements d’opposition de son adolescent: 

1 – Favoriser l’écoute des ressentis de l’adolescent et l’échange en essayant de comprendre son point de vue tout en l’encourageant à argumenter ses opinions. Cela montre qu’il est suffisamment en confiance dans la relation pour s’autoriser à exprimer un avis différent. C’est aussi l’occasion de prendre conscience de l’évolution des besoins et des capacités de votre enfant et d’y ajuster les règles de vie.

2 – Prendre de la distance avec ce que peut vous dire votre adolescent (même si certains de ses propos peuvent vous mettre en colère ou vous vexer.). Ne pas hésiter à parfois ignorer certaines attitudes par exemple, lorsque c’est de l’opposition passive comme « je souffle », « je lève les yeux au ciel ».

3 – Encourager les comportements positifs. Au quotidien, soulignez, valorisez, tous les comportements positifs que vous aurez pu observer. Votre enfant a besoin de sentir que vous le soutenez, qu’il peut compter sur vous, même si des règles et un cadre existent. Montrez-lui que vous remarquez lorsqu’il fait des efforts ! Par exemple « ne te décourage pas, tu vas y arriver ! »)

4 -Respecter l’intimité de votre adolescent. Il est important d’accepter que votre enfant ait « son jardin secret ». Sa chambre est souvent le lieu où il peut se sentir au calme. Par exemple, frapper à la porte et attendre qu’il vous invite à y entrer peut permettre ce respect de l’intimité (et inversement pour votre chambre). Respectez aussi la vie privée de votre adolescent pour maintenir une relation de confiance. Veillez à ne pas partager avec d’autres personnes certaines informations confidentielles ou qui pourraient le mettre mal à l’aise sans son consentement.

5 – Poser de manière claire les règles de vie de la maison, être en accord avec son/sa conjoint/e sur le sujet et savoir sanctionner lorsque les règles sont transgressées. Une position claire, argumentée et les règles permettent à votre adolescent d’avoir une idée précise des attentes que vous avez vis-à-vis de lui et de leur cohérence en lien par exemple avec sa sécurité, avec une vie de famille plus fluide. La règle peut être modifiée en fonction du moment (semaine, week-end, vacances) et réajustée si trop ou pas assez « stricte ».

# Une sanction peut être adaptée à l’âge du jeune et à la situation. La sanction doit être en lien avec la règle transgressée. Il est nécessaire de l’expliquer de façon claire et brève. Elle doit avoir un début et une fin et prendre un caractère exceptionnel. Trop longue, elle risquerait d’être oubliée, abandonnée. Trop stricte, elle risquerait d’avoir l’effet inverse. A trop interdire, le jeune se sentira enfermé, pris au piège. Il tentera donc de vouloir sortir de cette situation en faisant l’opposé de tout ce que vous lui avez interdit. Par exemple, préférez diminuer le temps de jeu plutôt que l’enlever complètement, ou encore diminuer l’argent de poche plutôt que ne pas lui en donner et éviter ainsi qu’il s’en procure d’une autre façon.

# On peut aussi mettre en place des actions de “réparation”, par exemple des actions d’intérêt familial.

 


5 stratégies à suivre en cas de début de conflits : la méthode R.E.A.C.T 

En tant que parent, il n’est pas toujours évident de savoir comment réagir au mieux, face à un adolescent qui s’oppose à vous. Vous avez peut-être vous-même vos propres soucis et, très vite, la tension familiale peut monter. Il va donc falloir gérer au mieux ces situations.

1- R.alentir : d’abord on se calme. Respirez / prenez du recul si nécessaire

L’objectif : Ne pas réagir « à chaud »/ Éviter l’escalade

  • Autant que possible, restez calme avec votre adolescent. Veiller à  ne pas réagir en miroir (il s’énerve, je m’énerve; il crie, je crie..etc, etc.)  et à ne pas chercher systématiquement à avoir le dernier mot. Votre attitude pourra servir de modèle à votre enfant, et ainsi lui donner des clés sur la gestion des conflits.
  •  Ne pas hésiter à changer de pièce ou à sortir de la maison, vous pouvez différer la conversation le temps que la tension redescende ou que les conditions soient propices (avoir un peu de temps devant soi, être disponible, garantir une certaine confidentialité).
  • Reprendre la situation à tête reposée. Attendre de se sentir calme. Si possible en présence des deux parents.
  • Si vous pensez que la réaction que vous avez eue est trop forte ou inappropriée, ne pas hésiter à lui en reparler quelques heures après ou le lendemain.

 

2 – E.couter : montrer qu’on prend les sentiments de son adolescent au sérieux. Etre capable de d’abord rester silencieux. S’intéresser au contexte dans lequel ce comportement d’opposition apparaît : désir d’autonomie, de faire pareil que ses pairs, anxiété, emploi du temps chargé… Y-a-t-il quelque chose qui expliquerait pourquoi votre enfant ne respecte pas les règles fixées ?

3 – A.ffirmer : exprimer ses sentiments et préoccupations de façon affirmée et respectueuse :

  • Dire plutôt “je” que “tu”
  • Dire  “quand tu fais ça -décrire précisément un comportement-, je ressens ça -nommer l’émotion-.
  • Rappeler la règle en lien avec le comportement d’opposition ou exposer le fait qu’une ligne de conduite claire n’avait pas eu à être établie sur ce sujet jusqu’à présent. (On n’a pas forcément des règles pour tout)
  • Faire des phrases courtes en restant centré sur la situation en particulier.
  • Portez attention aux mots que vous employez et évitez les paroles blessantes.

 

4 – C.ompromis : Recherchez ensemble des solutions qui répondent au besoin des deux parties. Encouragez l’adolescent à proposer des idées. En revanche, tenez-vous à ce que vous avez énoncé : si vous décidez de poser une sanction, il est important qu’elle soit mesurée et réalisable et surtout que vous puissiez la tenir.

5 – T.ravailler ensemble: montrez à votre adolescent que vous n’êtes pas “contre” lui, que vous recherchez une solution juste et équitable, une solution gagnant-gagnant.

 


5 stratégies parentales pour tenir sur la durée avec son adolescent 

1 – Ne vous isolez pas face aux difficultés rencontrées avec votre adolescent : En parler à son/sa conjoint/e, à d’autres parents ou encore à des professionnels peut permettre de prendre du recul et de ne pas se sentir seul face à cette situation.

2 – Acceptez ce que vous ressentez vis à vis de la situation : Vous avez peut-être ressenti de la colère envers votre adolescent et/ou de la culpabilité si vous avez à un moment perdu le contrôle pendant la dispute. En même temps, vous comprenez peut-être certains aspects du comportement de votre adolescent. Cela peut entraîner du découragement et l’impression de ne pas parvenir à gérer les situations conflictuelles. Toutes ces émotions peuvent se superposer et entraîner une certaine souffrance.

3 – Prenez soin de vous : accordez vous régulièrement du temps pour vous détendre, consacrer du temps à des activités qui vous procurent de la satisfaction (lire, pratiquer une activité physique, voir des amis) mais aussi prendre le temps d’accomplir les tâches du quotidien et s’en féliciter (payer les factures, ranger…)

4 – Évitez de propager les conflits avec d’autres membres de la famille vivant à la maison (fratrie, entre parents) ou avec ceux à l’extérieur (oncles, tantes, grands parents) : vous pouvez rappeler aux autres membres de la famille l’importance de ne pas aggraver la situation en prenant parti ou en alimentant le conflit.

5 – Gardez confiance en vous pour éviter de vous décourager et de vous épuiser  : Fixez-vous des attentes réalistes et progressives concernant le comportement de votre enfant. Gardez en tête les moments positifs et les réussites actuelles dans votre relation avec votre enfant mais aussi les défis que vous avez déjà relevés depuis sa naissance. Repérez ce que ces expériences vous ont déjà appris. Vous faites de votre mieux ! r

 

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2 exemples pratiques :

  • Mon enfant ne respecte pas les horaires de sorties fixées

1. Prendre du recul : Tout d’abord, prenez un moment pour vous calmer. Si votre enfant rentre tard sans prévenir, évitez de réagir immédiatement sous le coup de l’émotion. Respirez profondément et donnez-vous le temps de réfléchir. Aussi, Il est possible que votre adolescent ait une bonne raison d’être en retard (il a raté le bus, pas de transport …). Dans ce cas, rappelez-lui qu’il est important qu’il vous prévienne pour vous rassurer, et par respect.

2. Dialoguer : Lorsque votre enfant est rentré (mais parfois il faut savoir attendre le lendemain pour éviter la dispute), engagez une conversation pour comprendre pourquoi il n’a pas respecté l’heure de sortie établie. Écoutez attentivement ses explications sans l’interrompre. Posez des questions pour saisir la situation.

3. Exprimer ses inquiétudes : Communiquez vos préoccupations et sentiments de manière ferme mais respectueuse. Vous pourriez dire : « Quand tu rentres plus tard que convenu sans me prévenir, je ressens de l’inquiétude pour ta sécurité. Nous avions établi des horaires pour que je sache que tu es en sécurité. »

4. Trouver un terrain d’entente : Proposez de rechercher conjointement une solution qui tient compte de vos préoccupations et des besoins de votre enfant. Demandez-lui comment il envisage de respecter les horaires à l’avenir ou de vous prévenir en cas d’imprévu et encouragez-le à partager ses idées.

5. Collaboration : Mettez en avant le fait que vous ne cherchez pas à être en conflit avec votre enfant, mais que vous souhaitez travailler ensemble pour trouver une solution mutuellement acceptable. Insistez sur l’importance du respect des horaires pour garantir la sécurité et la responsabilité au sein de la famille

 

  • Mon enfant ne veut pas faire ses devoirs

1. Prendre du recul : Avant de réagir, prenez un moment pour calmer vos émotions et respirer. Comprenez que votre enfant peut avoir diverses raisons de ne pas vouloir faire ses devoirs, y compris un manque de motivation, une charge de travail excessive, des difficultés académiques, des problèmes personnels, etc.

2. Dialoguer : Engagez une conversation avec votre enfant pour comprendre pourquoi il résiste aux devoirs. Écoutez activement son point de vue et identifiez les obstacles qu’il peut rencontrer, comme les distractions par les écrans, les conditions de travail ou d’autres préoccupations. Essayer de le projeter dans l’avenir.

3. Exprimer ses inquiétudes : Partagez vos préoccupations en utilisant des déclarations « je », par exemple : « Je m’inquiète que tu aies des difficultés à gérer tes devoirs et ton temps. J’aimerais t’aider à trouver une solution pour que tu puisses réussir. »

4. Trouver un terrain d’entente : Collaborez avec votre enfant pour élaborer une organisation des devoirs qui lui convienne. Établissez un calendrier en tenant compte de ses besoins et de ses préférences, tout en rappelant que les devoirs font partie de l’organisation de la vie familiale.

5. Collaboration : Montrez à votre enfant que vous êtes disposé à lui faire confiance en le laissant plus autonome dans son travail. Valorisez ses efforts et motivez-le en soulignant les activités qu’il pourra apprécier pendant son temps libre après les devoirs. Vous pouvez également partager votre propre expérience avec les devoirs, montrant que vous comprenez ses sentiments. Vous pouvez parler de votre propre vécu et comment vous avez pu surmonter des défis similaires liés aux devoirs. Demander de l’aide à une proche (famille ou ami) qui pourrait favoriser le dialogue et surtout lui expliquer à quoi cela sert de faire ses devoirs (souvent les ados sont sensibles aux histoires des autres adultes qui ont traversé la même situation et comment ils ont réussi à s’en sortir)


Pour aller plus loin : 

Pour en savoir plus sur la méthode R.E.A.C.T 

Lien vers la fiche comportement problématique

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