L’école à la maison peut être un défi pour les parents d’enfants présentant un trouble du neurodéveloppement (troubles « dys », déficit de l’attention, fonctionnement intellectuel limite, trouble du spectre autistique, déficience intellectuelle…), souvent associé à des difficultés d’apprentissage scolaire. Cette fiche a pour objectif de vous guider dans votre accompagnement, sans imposer une méthode unique : vous pouvez piocher des idées et les adapter selon vos besoins.
Rappels essentiels :
- Collaborez avec l’école de votre enfant pour ajuster la quantité de travail en fonction de ses besoins spécifiques. L’enseignant peut vous aider à prioriser les axes à travailler.
- Contactez la psychologue scolaire : elle peut vous accompagner dans la continuité pédagogique et répondre à vos questions.
- Rapprochez-vous des professionnels habituels de votre enfant (orthophoniste, ergothérapeute, psychologue, psychomotricien…) pour obtenir des conseils adaptés.
- Sollicitez l’aide humaine (AVS, AESH) de votre enfant pour discuter des adaptations déjà mises en place en classe et qui pourraient être reproduites à la maison.
- Rassurez-vous : il n’existe pas une « bonne » méthode unique. Ce qui compte, c’est d’adopter une approche adaptée à votre enfant.
- Souvenez-vous : privilégiez toujours la qualité à la quantité de travail demandé.
Guidance pour réaliser l’école à la maison
Des repères : un rythme et un lieu
La mise en place d’un cadre adapté est essentielle pour aider votre enfant à différencier les moments de travail des autres activités de la journée. Cela contribue à sa motivation et à sa sécurité, car il sait à quoi s’attendre : quand le travail commence et ce qui viendra après (jeu, repas, etc.).
Il est donc important de lui donner des repères clairs dans le temps et l’espace.
Organisation du temps de travail
- Établir un emploi du temps :
Créez un planning simple et visuel (papier, pictogrammes pour les plus jeunes) que votre enfant pourra consulter facilement tout au long de la journée.
- Limiter l’exposition aux écrans :
Évitez que le temps d’écran ne se cumule trop dans une journée. Privilégiez des activités plus propices à l’endormissement avant le coucher, comme la lecture.
- Fractionner les sessions de travail :
- En école élémentaire, prévoyez 3 à 4 sessions de 30 minutes par jour, avec un maximum de 4 heures de travail quotidien.
- Alternez les apprentissages à l’écrit et à l’oral pour limiter la fatigue.
- Adaptez le volume de travail à l’âge et à la fatigabilité de votre enfant
- Adapter le rythme à la maison :
La maison n’est pas l’école ! Il est normal que votre enfant travaille à un rythme différent de celui d’une classe avec plusieurs élèves. Si nécessaire, répartissez les tâches sur les cinq jours de la semaine et n’hésitez pas à profiter des vacances pour réaborder certains points dans un cadre plus détendu.
- Utiliser des outils de repérage dans le temps :
- Un système d’alarme ou un minuteur visuel (comme le Time Timer) peut aider votre enfant à savoir quand commencer et arrêter une tâche.
- Listez les « choses à faire » chaque jour (leçons, exercices, etc.), en veillant à limiter la quantité et à prioriser les apprentissages fondamentaux (ex. : lecture et calcul pour le CP).
- Impliquez votre enfant dans la préparation du plan de travail pour renforcer sa motivation. Alternez les matières pour éviter qu’il ne se lasse.
Organisation de l’espace de travail et du matériel
- Aménager un lieu calme :
Installez votre enfant dans une pièce silencieuse, avec une table bien dégagée, à la bonne hauteur.
- Minimiser les distractions :
Retirez les éléments perturbateurs (écrans non pédagogiques, jeux à portée de main) et limitez le matériel sur le bureau au strict nécessaire.
- Utiliser du matériel adapté :
Si possible, conservez celui utilisé à l’école (manchon de stylo, guide de lecture, règle antidérapante, ordinateur, etc.).
- Créer un espace de rangement organisé :
Prévoyez un tiroir, une étagère ou une boîte dédiée où cahiers et livres sont classés par matière et facilement accessibles.
Des adaptations selon les difficultés de votre enfant
Il est conseillé de se référer aux adaptations déjà proposées en classe. Ces aménagements sont souvent détaillés dans des documents officiels tels que le bilan neuropsychologique, orthophonique, ergothérapique, ou encore dans les Geva-Sco et PAP. En cas de besoin, ces écrits peuvent être redemandés. Voici des recommandations spécifiques pour certaines situations types :
Difficultés d’attention ou de planification/organisation
- Traitement médicamenteux :
Si votre enfant prend un traitement à base de méthylphénidate, il est pertinent de le poursuivre pour maintenir un niveau d’attention compatible avec les apprentissages et une bonne qualité de vie. Pensez à respecter un horaire régulier pour l’administration du médicament (en matinée). Pour toute question, contactez le médecin référent.
- Stratégies pratiques :
- Énoncer clairement l’objectif de chaque séance de travail et effectuer une synthèse à la fin.
- Donner une consigne à la fois et fractionner les tâches longues en étapes.
- Contrôler la compréhension des consignes en les détaillant et en soulignant les points clés.
- Vérifier régulièrement que votre enfant reste concentré et, si besoin, le recentrer sur la tâche.
- Proposer un programme visuel (tableau ou ardoise) coloré pour rendre les objectifs plus clairs.
- Encourager l’autonomie en fixant des temps définis pour réaliser les exercices, puis vérifier avec lui.
- Associer un support visuel au canal auditif pour renforcer l’apprentissage des leçons. Découvrez par exemple les cartes mentales disponibles sur fantadys.com.
- Fournir des fiches-mémoire (tables de multiplication, règles de conjugaison) pour alléger la double tâche.
Difficultés d’apprentissage globales (fonctionnement intellectuel limite ou trouble du développement intellectuel léger)
- Miser sur les points forts :
Utilisez les centres d’intérêt et les compétences de l’enfant comme point de départ. Par exemple, s’il aime dessiner, associez des dessins aux textes étudiés.
- Renforcer la confiance :
Commencez par des exercices qu’il maîtrise déjà ou qui sont facilement réussis. Cela l’encourage à persévérer.
- Simplifier et fractionner :
Reformulez les consignes avec des mots simples et, si nécessaire, utilisez des dessins. Divisez les exercices en parties réalisables tout au long de la journée.
- Utiliser des supports concrets :
En mathématiques, manipulez des objets pour illustrer les concepts. En français, intégrez des supports visuels ou sonores adaptés (gestes Makaton, vidéos éducatives).
- Être attentif aux signaux de fatigue ou de frustration :
Si votre enfant manifeste de l’opposition ou de l’énervement, proposez une pause ou passez à une activité plus simple.
- Valoriser les efforts :
Soulignez les aspects positifs, même si le résultat n’est pas parfait. Mettez en avant le soin ou l’effort fourni.
Difficultés au niveau du langage écrit (lecture, écriture)
- Lecture quotidienne :
- Proposez une variété de supports (magazines, premiers romans, étiquettes). La répétition et l’entraînement quotidien renforcent les compétences.
- Alternez avec des livres audio pour développer le vocabulaire et maintenir l’intérêt
- Jeux linguistiques :
Charades, rébus, rimes, poésies et comptines enrichissent le langage oral et écrit.
- Supports pédagogiques :
- Encourager la lecture à voix haute avec un cache ou un doigt pour suivre les mots.
- Limitez les travaux de copie et privilégiez des exercices courts.
- Utilisez des aides comme des lettres en bois ou des supports colorés pour renforcer l’apprentissage graphème/phonème.
- Objectifs adaptés :
- En rédaction, concentrez-vous sur la clarté des idées plutôt que sur l’orthographe ou la qualité de l’écriture.
- Favorisez l’oral pour la restitution des connaissances.
En apprentissage du clavier
- Profitez des cours en ligne pour intégrer l’usage quotidien de l’ordinateur.
- Introduisez des logiciels d’entraînement au clavier (ex. : Tap’Touche, Tux Typing).
- Récompensez les progrès avec des activités valorisantes comme un temps d’écran équivalent.
- Encouragez l’utilisation des logiciels déjà familiers pour l’enfant (ex. : Matheos pour les maths, Geogebra pour la géométrie).
De la « positive attitude »
Ne vous fixez pas d’objectifs insurmontables et évitez de vous mettre davantage de pression dans cette situation déjà exigeante. Si un exercice rebute trop votre enfant ou le met en échec, laissez-le de côté et passez à une autre activité. Revenez-y plus tard pour identifier la difficulté, sans insister sur l’intégralité de l’exercice. L’objectif est de privilégier l’essentiel et de réduire la charge de travail si nécessaire.
Encouragez votre enfant à se mettre au travail, même si cela peut être un moment délicat. Rappelez-lui l’objectif du travail, la durée limitée de la séance, et les activités agréables qui suivront (jeu, temps libre, etc.). Cela l’aidera à se motiver.
Faites-vous confiance et improvisez ! Profitez de chaque moment propice pour apprendre autrement et partager des instants enrichissants. Par exemple, un atelier pâtisserie peut devenir une activité pédagogique : lire une recette ensemble, organiser les étapes, faire des maths avec les proportions, ou exercer sa motricité fine en cassant les œufs.
Valorisez votre enfant lorsqu’il réussit une tâche, même si elle peut sembler simple pour son âge. Aidez-le à accepter qu’il lui faille parfois plus de temps pour apprendre. Félicitez ses efforts de manière appropriée : par exemple, lorsqu’il reste attentif, lit un texte difficile ou termine une activité.
Appuyez-vous sur ses points forts et ses centres d’intérêt pour structurer le travail. Alternez les tâches complexes avec des exercices plus simples où il se sent à l’aise. Célébrez ses efforts et ses progrès avant de discuter des aspects à améliorer.
Veillez à ce que les moments de détente soient qualitatifs et réguliers. Les jeux d’imagination, de construction, les jeux de société ou les activités artistiques sont aussi essentiels que les apprentissages scolaires pour le développement de votre enfant.
Des soutiens
Restez en contact avec l’enseignant(e) de votre enfant, surtout si votre enfant a une bonne relation avec lui/elle. Ce lien peut le motiver à poursuivre ses efforts. Par exemple, envoyez une photo d’un travail réalisé avec soin à l’enseignant(e) et montrez à votre enfant les retours ou les félicitations reçus.
N’hésitez pas à consulter régulièrement le blog de la classe, si disponible, pour que votre enfant garde le sentiment de faire partie de la vie scolaire.
Variez les supports pédagogiques : combinez les documents de l’enseignant, les manuels scolaires, et des ressources en ligne ou télévisuelles. Voici quelques suggestions utiles :
- Lumni
- France 4 – Mission “Nation apprenante”
- Pour des activités ludiques : Tête à modeler
Enfin, échangez avec d’autres parents pour vous soutenir mutuellement et partager astuces et conseils.
Des récompenses
La motivation est un moteur essentiel pour les apprentissages. Accordez de l’attention aux comportements positifs et renforcez-les par des récompenses différées adaptées à l’âge de votre enfant. Par exemple :
- Pour les plus jeunes : utilisez un système d’économie de jetons.
- Pour les plus grands : proposez des récompenses comme du temps d’écran (jeux vidéo, tablette, télévision) ou une activité qu’il apprécie particulièrement.
Ces stratégies peuvent être ajustées selon vos objectifs et les besoins spécifiques de votre enfant. Pour en savoir plus, consultez la fiche pratique « Motiver les changements ».
Des ressources internet
- Dys-positif : Ressources pédagogiques adaptées aux enfants « dys ».
- Cartable Fantastique : Outils pour compenser les troubles des apprentissages.