TSA en primaire : l’inclusion durant les temps scolaires et périscolaires (Partie 1)

Introduction

Cette fiche s’adresse aux équipes pédagogiques et plus particulièrement aux professeurs des écoles qui ont dans leur classe un élève ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). 

Nous y exposerons certains aménagements qui peuvent être mis en place pour faciliter leur inclusion et leur épanouissement. Il s’agit de propositions et de potentiels outils. Les aménagements mis en place dans le contexte scolaire sont toujours le fruit d’une réflexion collégiale incluant l’équipe enseignante, les parents et les professionnels de santé. 

Cette liste n’est pas exhaustive et n’est pas applicable en l’état à tous les enfants avec un TSA, les TSA étant caractérisés par une grande variabilité inter-individuelle.  Ces aménagements pourront donc être adaptés à chaque enfant et hiérarchisés en fonction de ses besoins et de ses spécificités, du contexte d’enseignement et des choix pratiques de son enseignant·e afin de favoriser les situations de réussite.

 


Prendre en compte la rigidité des enfants avec TSA:


# La rigidité cognitive et comportementale chez les enfants avec un TSA :  qu’est-ce que c’est ? 

1/ Rigidité cognitive (aussi appelée rigidité de la pensée) : La rigidité cognitive est souvent observée chez les enfants autistes. C’est une caractéristique particulièrement intense parfois handicapante  dans les TSA. Elle correspond à l’incapacité de s’adapter mentalement à de nouvelles demandes ou informations, et est en contradiction avec la flexibilité cognitive qui permet d’envisager des perspectives et des opinions différentes, et de s’adapter plus facilement aux changements. Les niveaux de rigidité dans les cas typiques d’autisme sont généralement très importants et limitent l’adaptation à leur environnement, bien que ce trait ne soit ni bon ni mauvais en soi. 

Certains traits caractéristiques de la rigidité cognitive observée chez les enfants avec TSA sont :

* Les niveaux de rigidité dans les cas typiques d’autisme sont généralement très importants et limitent l’adaptation à leur environnement.

* Une pensée concrète, littérale et absolue, des attentes et des règles en noir et blanc avec peu de marge d’interprétation

* Une pensée et des croyances rigides et inflexibles (distorsions cognitives).

* Une pensée qui va être comme bloquée dans le processus de résolution d’un problème et limitant ainsi la capacité à trouver une solution.

 

2/ Comportements inflexibles : La répétition des routines quotidiennes peut être une autre expression de la rigidité. La personne atteinte d’un TSA  peut :

  • Vouloir emprunter quotidiennement le même chemin pour se rendre à un endroit, même si un autre chemin serait plus rapide ou plus pittoresque. 
  • Accomplir ses activités quotidiennes dans un ordre précis, même si un ordre différent aboutirait au même résultat. La commande de repas à la cafétéria peut être la même depuis des dizaines d’années.
  • Vouloir se détourner d’une situation délicate ou utiliser la même approche de manière répétitive bien que la solution n’ait pas été utile dans le passé.
  • Peut avoir des difficultés à s’orienter dans l’espace et le temps mais aussi à gérer les imprévus ou les changements. Cela peut entraîner de l’anxiété et peut se traduire par des comportements d’opposition plus ou moins importants.

 

# Y a-t-il un besoin de changer son comportement inflexible et sa rigidité cognitive? 

Bien que la rigidité de la pensée ait un impact sur de nombreux aspects du fonctionnement quotidien, tels que les interactions sociales, elle peut également être bénéfique. Examinons de plus près le côté optimiste de la rigidité de pensée !

  • Par exemple, le fait de pouvoir se concentrer sur certaines activités, certains sujets ou certaines routines peut avoir des conséquences positives. Pensez au jeune qui se concentre sur un sujet (comme la science) et qui devient un expert dans ce domaine. Temple Grandin est un bon exemple d’une personne autiste qui est une experte très appréciée en raison de ses connaissances approfondies dans un domaine.
  • L’inflexibilité développe également la persistance et la persévérance – un trait de caractère fondamental dans la vie. Souvent une personne qui s’accroche à quelque chose d’important pour elle et qui ne se décourage pas est indispensable pour faire avancer des causes difficiles et complexes.

Pour répondre à la question « faut-il travailler cela ? », il faut prendre le temps de réfléchir à ce qui suit :

  • La rigidité de l’enfant entrave-t-elle son fonctionnement ( interactions sociales, vie quotidienne, apprentissage, etc.) ?
  • La rigidité de l’enfant lui cause-t-elle du tort, à lui ou aux autres ?
  • La rigidité de l’enfant a-t-elle un impact sur son entourage ?

Si vous avez hoché la tête en lisant ces questions, alors oui, vous devez trouver un moyen de réduire la rigidité de l’enfant.

 

# Structurer le quotidien/éviter les imprévus en classe et durant les temps périscolaires

Pour éviter l’apparition de ces comportements il peut être utile de permettre à l’enfant : 

  • Lors d’un changement de classe / d’école : la mise en place de supports visuels afin de lui permettre de mieux se repérer. Il est utile de proposer à l’enfant de visiter les lieux en amont avec ses parents puis si possible de passer une heure puis un temps plus long dans ce nouvel environnement. 
  • Lors des sorties extérieures/voyages scolaires : préparer le voyage scolaire en le dessinant sur une frise du temps, collecter des photos des lieux, lui permettre de partir avec un objet familier et des photos de ses proches afin qu’il se sente rassuré sur place.
  • Pour comprendre l’organisation du temps classe : la mise en place de rituels pour les temps forts de la journée (ex. arrivée en classe, reprise des activités après le temps du midi) pourra permettre de les rendre plus prévisibles et à l’enfant de mieux se repérer dans le temps et l’espace. Par ailleurs, la mise à disposition d’un emploi du temps visuel de la journée indiquant les temps importants (travail en classe, en groupe, récréation, pause déjeuner, …) est souvent utile. On peut s’appuyer sur ce support pour guider l’enfant mais aussi tout le reste de la classe au fur et à mesure de la journée. Une flèche détachable peut être mise à sa disposition afin qu’il puisse la déplacer et ainsi lui permettre  de se repérer de façon autonome tout au long de la journée. L’emploi du temps devra probablement être très détaillé au début afin de laisser peu de place à l’imprévu mais il pourra être de plus en plus allégé avec le temps et l’intégration du rythme de la classe par l’enfant. 
  • De pouvoir visualiser le temps consacré à une activité à l’aide d’un timer. Celui-ci permet à l’enfant de visualiser clairement à quel moment débute une activité et se termine. 
  • D’être averti de façon claire des changements : il est impossible de tout prévoir. Si les changements peuvent être anticipés, il est important de les intégrer dans l’emploi du temps de l’enfant. Pour les imprévus, il est nécessaire qu’un adulte vienne verbaliser explicitement la situation à l’enfant.
  • D’avoir une vigilance particulière pour les séquences moins structurées du temps scolaire (récréation, cantine, interclasses) où l’imprévu est plus important et donc la sollicitation des capacités individuelles d’adaptation à des situations génératrices d’insécurité.

 

# Favoriser la motivation aux changements  : Valoriser, Valoriser, Valoriser

  • S’adapter face aux changements même minimes mobilise une énergie conséquente et représente un véritable apprentissage pour l’enfant avec un TSA. Il faut donc valoriser toute gestion d’imprévues ou tout changement de routine vécus par l’enfant.
  • Les enfants avec un TSA sont souvent très sensibles aux félicitations des adultes qui représentent un renforçateur important et qui vont les motiver pour reproduire les comportements attendus et pour en apprendre de nouveaux.
  • Apprendre de nouvelles choses implique de se  confronter à l’échec, ce qui peut également être vécu difficilement pour l’enfant avec un TSA. Il est donc nécessaire de  valoriser les connaissances acquises et de ne pas insister sur les “échecs” de l’enfant. Par exemple, s’il ne parvient pas à retenir une table de multiplication, il est souvent utile de revenir à une table plus simple, de valoriser la réussite afin qu’il se sente en confiance et qu’il soit disponible pour ce nouvel apprentissage. 

 


Lien vers des supports pour vous aider à comprendre et aller plus loin

Retrouvez nos vidéos en suivant ce lien.

 

 

 


Références

Auteurs

Nesrine Bouchlaghem


Rédigé par Ariane Cartigny (Psychologue), Elise Humeau (Pédopsychiatre), Moran Iquel (Enseignante), Andréa Koch (Psychologue) et Sara Ramos Pereira (Psychologue), Richard Delorme (Chef du service de pédopsychiatrie)

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