Guerres et conflits : En parler à vos enfants et prévenir l’anxiété (Partie 1)

Comment aborder le sujet de la guerre et prévenir l’anxiété chez les millions d’enfants touchés, que ce soit directement dans les zones de conflit ou indirectement à travers les informations diffusées par les médias et les discussions des adultes autour d’eux ?

Il est aujourd’hui presque inévitable de regarder les informations à la télévision ou de naviguer sur les réseaux sociaux sans être exposé à des images choquantes, qu’il s’agisse de photos ou de vidéos montrant des enfants blessés, des soldats tués, ou des témoignages de femmes victimes de violences. Les enfants et les adolescents, qu’ils soient utilisateurs actifs ou passifs des réseaux sociaux et des chaînes d’information, sont particulièrement exposés à ces contenus.

Il n’est pas facile pour les parents de savoir comment aborder ces événements avec leurs enfants, ni comment doser les informations à leur transmettre et sous quelle forme. De plus, la prolifération des « fake news » — des fausses informations diffusées via les réseaux sociaux, des sites peu fiables ou des groupes de discussion privés — complique encore la tâche. Ces fausses informations, souvent relayées sans vérification, peuvent facilement perturber et déstabiliser les enfants et les adolescents.

 


L’exposition aux images et informations sur la guerre ou les conflits armés augmente le risque d’anxiété chez les enfants


Comment reconnaître ces symptômes ?

Les enfants et les adolescents peuvent développer une anxiété liée à la guerre en réaction aux informations et images de conflits auxquelles ils sont exposés, surtout dans un contexte où leur santé mentale est déjà fragilisée par d’autres événements stressants ou perturbateurs.

  • Un sondage (American Psychological Association) indique que 80% des gens interrogés ont rapporté un état de stress important en lien avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe.
  • Une étude finlandaise à aussi révélé que les adolescents inquiets à propos de la guerre nucléaire couraient un risque accru de troubles mentaux 5 ans plus tard.
  • Les jeunes les plus sujets à l’anxiété ont en plus tendance à chercher à s’informer de manière excessive sur l’événement et ils augmentent ainsi leur niveau d’anxiété par ce cercle vicieux.

Ces symptômes anxieux peuvent s’exprimer de différentes façons

  • Hyper-réactivité émotionnelle : irritabilité, pleurs, tension, agressivité, majoration de l’opposition, trouble du sommeil, refus alimentaire, angoisse de séparation…
  • Ruminations anxieuses excessives autour du thème de la guerre avec des difficultés de concentration, des oublis et parfois  un absentéisme scolaire ou un repli au domicile.
  • Crainte pour les proches : Entendre fréquemment parler de conflits armés  ou être exposé à des images explicites de façon régulière crée un sentiment de menace permanent et omniprésent. Ce climat délétère amène à surévaluer le risque qu’un tel événement arrive. On parle de confusion entre possibilité et probabilité. Il n’est pas rare que des enfants craignent pour la sécurité de leurs parents et de leurs amis sans s’autoriser à en parler
  • Sentiment de perte de contrôle : Les enfants et adolescents exposés régulièrement à  la question des guerres  (exposition indirecte, médiatique…) peuvent avoir l’impression que  leur environnement est imprévisible, qu’une guerre pourrait exploser brutalement dans leur pays et donc qu’il ne sert  plus à rien de  planifier ou organiser des événements, des activités. Ils ne parviennent plus à se projeter dans l’avenir, même dans un avenir proche. Cela peut conduire à un abandon de leurs projets et à un isolement.
  • Au décours immédiat ou à distance des événements (dans les semaines suivants les évènements)  on parle de syndrome de stress aigu ou de de syndrome de stress post-traumatique (dans un contexte où soi ou un de ses proches a été dans une situation mettant en péril sa vie)
conflits armés en parler

Retrouvez la suite de notre article dans la Partie 2.


Références

Auteurs

Nesrine Bouchlaghem


Rédigé par Dr Alicia COHEN (Pédopsychiatre) ; Hélène PONCET-KALIFA (Psychologue) ; Pr Richard DELORME (Chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent) - Centre d’excellence des troubles du neurodéveloppement, Hôpital Robert Debré, Paris.

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