Mon enfant refuse de retourner à l’école, Que faire ?

L’école fait partie du quotidien des enfants et des parents. Seulement voilà, que faire lorsque votre enfant refuse d’y retourner ? Sachez, que cette situation n’est pas rare : de nombreux enfants éprouvent une angoisse par rapport à l’école. Le tout est de ne pas prendre ce refus à la légère et d’essayer d’en comprendre les raisons. Elles peuvent être multiples, provenir de plusieurs facteurs, le refus peut être temporaire ou s’installer dans le temps. De plus, nous devons maintenant prendre en compte le contexte sanitaire actuel qui peut provoquer quelques angoisses (mise en place de gestes barrières, protocole à respecter…). Enfin, la période de confinement peut avoir perturbé l’organisation de la famille et des apprentissages. Quoi qu’il en soit, prenez le temps d’identifier les symptômes accompagnant le refus d’aller à l’école (pleurs, irritabilité, anxiété, déprime, cauchemars, troubles du sommeil, symptôme physique, maux de ventre, nausées …). Le plus important à faire est d’essayer de comprendre la cause et d’agir en fonction de celle-ci. 

 


Repérer ce qui déclenche son stress et son refus d’aller à l’école

# Mon enfant a peur de nous quitter

S’éloigner de ses parents peut provoquer chez les enfants une angoisse, une insécurité, ce qui a pour effet de rendre très difficile les séparations.

# Mon enfant a peur de ne pas réussir à l’école. 

Il a peur de l’échec en permanence. Il manque de confiance, a peur de faire des erreurs, d’être critiqué.

# Mon enfant a du mal avec les autres. 

Il arrive que des conflits avec les camarades augmentent le stress et provoquent un refus d’aller à l’école. Il peut également avoir du mal à se mêler au groupe, à trouver sa place.

# Mon enfant a peur de tout.

Il vous questionne toute la journée avec inquiétude. Il paraît très stressé pour tout et rien. Il avait déjà un tempérament anxieux avant, mais là c’est la catastrophe.

# Mon enfant a du mal suite à un changement majeur. 

Un déménagement, un changement d’enseignant peut provoquer une angoisse vis-à-vis de l’école.

# Mon enfant est victime de violence ou subit des intimidations. 

Le harcèlement scolaire doit être pris en charge rapidement par l’équipe éducative. Vous trouverez plus d’information sur le sujet ici.

# Mon enfant a vécu un événement traumatique.  

Il peut s’agir de n’importe quel événement ayant affecté psychologiquement ou physiquement votre enfant ou l’un de ses proches (amis, famille). Etant donné le contexte, beaucoup d’enfants ont subi la perte d’un proche provoquant des cauchemars, des angoisses, du stress et pouvant être la cause d’un refus d’aller à l’école (même si plusieurs mois sont passés).

 


Pourquoi c’est plus difficile de retourner à l’école après les vacances ?

# Il est courant pour de nombreux enfants de trouver la transition difficile lorsqu’il s’agit de retourner à l’école après les vacances. Plusieurs facteurs expliquent cette réticence. Tout d’abord, les vacances offrent un rythme de vie plus détendu, avec moins de responsabilités académiques. Le retour à la routine scolaire peut être perçu comme une perte de liberté. De plus, la séparation d’avec la famille et les amis rencontrés pendant les vacances peut être émotionnellement difficile. Les élèves peuvent aussi craindre de ne pas être à la hauteur des attentes ou des devoirs qui les attendent à l’école.

# En général, ce refus survient principalement chez des enfants déjà anxieux antérieurement à la période des vacances. Cela n’arrive pas d’un seul coup. Il y a des symptômes anxieux que vous aviez peut-être repérés depuis longtemps.

# On se fait parfois beaucoup de souci à l’idée de faire quelque chose. Et finalement, une fois que c’est fait, on se rend compte que ce n’était pas si terrible que ça. En s’exposant à ce qui l’angoisse, c’est à dire à l’école, votre enfant peut être impressionné par ses capacités à surmonter sa peur.

 


Que faire ? 14 stratégies générales pour aider votre enfant

Avant le retour à l’école

1. Reprenez dès maintenant le rythme de l’école. Il faut que votre enfant reprenne un rythme d’écolier (heure de lever, de repas, de coucher…). C’est très important pour qu’il ait de nouveau la sensation que la rentrée des classes approche. Souvent les enfants se sont couchés plus tard, levés plus tard, ont pris leur petit déjeuner plus tard… Bref c’était très différent des périodes scolaires. Et finalement, ce n’était pas si mal !

2. Reprenez dès maintenant les contacts sociaux de l’école. Il est important de reprendre contact avec les copains de l’école, que votre enfant puisse en discuter avec eux. Partager ses inquiétudes avec les autres ou tout simplement discuter avec eux apportera beaucoup de soulagement à votre enfant. Cela diminuera largement son anticipation anxieuse de la reprise.

3. Discutez en famille des inquiétudes autour du retour à l’école. Parfois le discours est un peu en boucle et vous ne comprenez pas ce qui bloque votre enfant. Parfois, l’envie de ne pas retourner à l’école semble être de l’opposition ‘je préfère jouer aux jeux vidéo’. Mais il y a souvent un problème sous-jacent.

4. Faites le chemin jusqu’à l’école avec votre enfant. Votre enfant a besoin de retrouver ses repères et sa routine d’avant les vacances. Après les grandes vacances par exemple, on a un souvenir flou (surtout pour les petits) de ce qu’est l’école.

5. Apprenez la relaxation à votre enfant. Par exemple, vous pouvez faire des exercices de respiration et de relaxation pour apprendre à apprivoiser les sensations physiques de l’anxiété. Il est recommandé de pratiquer ces exercices quotidiennement même lorsque l’on n’est pas inquiet, pour s’entrainer. L’application Petit Bambou a ouvert en accès libre ses programmes de méditation pour enfants et le programme « sourire et anxiété », vous y trouverez aussi des exercices de cohérence cardiaque. « Calme et attentif comme une grenouille » et « Un amour au naturel » offrent aussi de bons supports.

6. Faire des jeux de rôles avec votre enfant pour qu’il s’entraine à faire face à des situations qu’il redoute – cela fonctionne aussi avec les petits. Par exemple : Comment demander de l’aide à un adulte ? La multiplication de ces jeux de rôles avant la reprise l’aidera à se préparer pour la reprise.

Le jour de la reprise de l’école

7. Le grand principe : EVITER d’EVITER. En effet, lorsqu’on affronte progressivement une situation qui nous fait peur (lorsqu’on « s’expose »), l’anxiété monte jusqu’à un certain point, se stabilise à ce niveau pendant un certain temps, puis redescend. La répétition de l’exposition à cette situation va permettre petit à petit à l’anxiété de diminuer en intensité et de durer moins longtemps avant de redescendre. C’est ce qu’on appelle le phénomène d’habituation. La situation pourra alors être vécue avec de moins en moins d’inquiétude.

Regardez la figure ci-dessous. Lorsque vous évitez une situation (tracé rouge) cela vous soulage sur le coup mais plus ça va plus vous êtes anxieux. Si vous vous confrontez à la situation (A droite, courbe bleue), chaque jour l’anxiété est moins intense et dure moins longtemps. Donc il faut apprendre à votre enfant à s’habituer.

 

 

8. Faites confiance à votre enfant pour gérer la crise et faites confiance à l’équipe éducative : Quand votre enfant va mal, vous êtes également angoissés. Particulièrement, avec le déconfinement, vous n’êtes pas très à l’aise avec le fait de le laisser à l’école. Vous avez presque autant peur que lui. C’est tout à fait normal. Ne faites pas trop durer les « au-revoir » dans la voiture ou à la porte de l’école. Surtout si votre enfant pleure beaucoup. Soyez ferme et essayez de tenir le coup. Affichez un air confiant. Encouragez-le à entrer dans l’école. Partez sans vous retourner. Faites confiance à l’équipe éducative. En général les pleurs cessent assez rapidement. Et la vie de l’école reprend.

Malheureusement cela ne se passe pas comme prévu ! Il refuse vraiment d’aller à l’école

9. Réagir vite ! La durée de l’absentéisme est un facteur important : plus on manque l’école, plus il est difficile d’y retourner. Il faut réagir vite dès la reprise de l’école, pour que la déscolarisation ne se prolonge pas.

Parlez avec l’équipe éducative pour qu’elle soit au courant de ses difficultés, de votre implication et qu’elle puisse aider à son retour à l’école. Conjointement avec elle, il est possible d’aménager un emploi du temps allégé et évolutif. Il faut pour cela rédiger un PAP : projet d’accueil personnalisé. Un arrangement moins formel est souvent possible les premiers jours afin de ne pas perdre de temps.

10. Limiter les bénéfices à rester à la maison comme le temps passé devant les jeux vidéo, les écrans. Si manquer l’école permet à votre enfant de « se la couler douce », il sera d’autant moins motivé à l’idée de faire des efforts pour y retourner ! Ne pas aller à l’école est une chose, mais il faut reprendre coûte que coûte le rythme scolaire.

11. Reprendre l’école par petites étapes. Réalisez un emploi du temps de la reprise scolaire. Réalisez avec votre enfant une liste de petits objectifs atteignables à classer du plus facile au plus difficile à réaliser. Commencez par l’objectif le plus facile, que votre enfant répètera à plusieurs reprises jusqu’à ce que son anxiété ait diminué de moitié. Il pourra alors tenter l’objectif suivant. Par exemple votre enfant pourra d’abord «s’entrainer » à faire uniquement le trajet jusqu’à l’école, l’étape suivante pourrait être d’entrer dans l’école, puis de ne rester que la matinée etc.

12. Rattraper les cours manqués, rendre les devoirs…. La présence des enfants à l’école n’est pas imposée, mais l’instruction, elle, reste obligatoire et cela jusqu’à 16 ans. Utilisez-le comme un argument !

13. Faire avec votre enfant un petit plan d’action pour lorsqu’il se sent mal à l’école : parler à un ami, faire un exercice de respiration, demander à quitter momentanément le cours, trouver du soutien auprès d’un surveillant, de la directrice ou à l’infirmerie…

14. Féliciter votre enfant pour chacune de ses petites victoires. Pensez à encourager votre enfant lorsqu’il a essayé, même s’il n’a pas réussi. Assurez-le de votre soutien.

 


Que faire si ça ne suffit pas ?

Des professionnels pour aider votre enfant

Si vous n’y arrivez pas ou si vous êtes inquiet, il ne faut pas hésiter à prendre contact avec un professionnel (pédopsychiatre, psychologue) qui vous guidera dans les soins. Les professionnels formés aux Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) sont particulièrement recommandées dans ces situations.

 

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Références

Auteurs

[email protected]


Rédigé par C. Stordeur, A. Cohen, Pédopsychiatres, H. Poncet-Kalifa, Psychologue TCC, Centre d’Excellence des Troubles du Neurodéveloppement, Service de Psychiatrie de l’Enfant et de l ‘Adolescent, Hôpital R. Debré, Paris.

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