Mon enfant souffre d’anorexie mentale, pourquoi la thérapie familiale ?

Rédigé par Lucile Noël (psychologue clinicienne, thérapeute familiale), Dr Anaël Ayrolles (psychiatre)

La thérapie familiale est largement reconnue dans la littérature scientifique comme étant l’approche thérapeutique de première intention lorsqu’un enfant souffre d’anorexie mentale. Plus l’enfant est jeune, plus cette prise en charge est indiquée. Dans notre fiche nous tenterons de répondre aux questions fréquentes ou idées reçues sur lesquelles les familles s’interrogent avant de démarrer une thérapie.

 

« Si la thérapie familiale est efficace c’est sûrement parce que je suis responsable du trouble alimentaire de mon enfant »

FAUX. A l’heure actuelle les experts sont unanimes sur l’importance d’impliquer les parents lors des soins de l’enfant que ce soit lors d’une hospitalisation ou dans le cadre d’un suivi en ambulatoire. Tout d’abord, ce sont les parents qui sont en charge de l’alimentation de l’enfant quotidiennement et/ou le seront à l’issue de l’hospitalisation. Par ailleurs, l’équipe soignante a besoin des parents pour explorer la complexité de ce trouble. L’anorexie mentale a de multiples causes (référence fiche Clépsy étiopathogénie) et présente un impact sur l’ensemble des membres de la famille. C’est donc une maladie très complexe qui demande un accompagnement spécifique qui allie empathie et fermeté face à la gravité des symptômes. La famille n’est pas coupable de ce trouble mais  va être très sollicitée pour aider l’enfant à guérir.

 

« De quoi parle-t-on lors des thérapies familiales ? »

Il s’agit de proposer à la famille un temps de communication dans un espace dédié à distance des moments souvent stressants et compliqués liés à l’anorexie (tels que les repas par exemple). Les soignants sont là pour transmettre des informations claires qui pourront soutenir la famille afin de l’aider à surmonter les difficultés et à mieux réagir face à cette maladie. Les sujets abordés sont multiples. Nous abordons les différentes causes identifiées par la famille et ensuite nous donnons des conseils à partir des solutions déjà trouvées par la famille  pour gérer l’alimentation et tous les symptômes de l’anorexie mentale (comme l’hyperactivité physique, l’exposition au froid). L’objectif est de permettre à la famille de retrouver une trajectoire de vie normale en lien avec l’âge et les besoins de l’enfant. 

 

« Est ce que les frères et sœurs doivent être présents systématiquement ? »

Non. Il nous semble indispensable que la fratrie puisse recevoir des informations claires pour qu’ils puissent se repérer dans ce contexte souvent très anxiogène. Aussi la fratrie est conviée lors d’une séance dédiée pour qu’ils puissent poser des questions et que nous puissions leur apporter des réponses et des consignes claires quant aux comportements à adopter face à leur frère/sœur malade. Ce sont les parents qui doivent prendre totalement en charge les troubles alimentaires soutenus par l’équipe soignante, ce n’est pas aux frères et sœurs d’être en charge de l’alimentation de leur frère/sœur malade. La fratrie peut avoir un rôle de distraction et favoriser l’ambiance la plus détendue possible autour des repas (pour plus d’information voir : comment vivre avec une soeur ou un frère qui souffre d’une anorexie mentale).

 

« A quelle fréquence ont lieu les séances de thérapie familiale ? »

Au début les séances sont hebdomadaires durent environ une heure puis les rencontres sont espacées en fonction des besoins et de l’évolution à l’appréciation du thérapeute.

 

« Lorsque les parents sont séparés, est-ce-que les séances ont lieu avec les parents réunis ? »

C’est le thérapeute familial qui évalue la situation. Dans un contexte très conflictuel, il est possible de faire des séances différentes pour chacun des parents. L’enfant est présent. Il est cependant possible qu’une ou deux séances aient lieu avec seulement les parents ou un des deux parents.

Il est important de comprendre que cette maladie est complexe et un des enjeux de la thérapie familiale est de constituer une équipe parentale soudée face à la maladie.

 

« Mon enfant n’est pas motivé, doit-il quand même participer à la thérapie familiale ? »

Le manque de motivation pour guérir fait partie des symptômes de la maladie, les enfants atteints d’anorexie mentale peuvent être réfractaires à participer aux séquences de soins. La thérapie familiale permet de travailler sur ces résistances. Le travail en thérapie familiale permet d’abord de redonner aux parents le contrôle de l’alimentation et de limiter les comportements de la maladie. Dans un premier temps, la thérapie familiale permettra de guider les parents afin de leur permettre d’assurer à leur enfant des besoins alimentaires adaptés. Puis, dans un second temps, elle permettra de les accompagner afin de restaurer une flexibilité et une autonomie alimentaire adaptée à l’âge de l’enfant.

 

Points clés et conseils issus de notre pratique clinique et de la thérapie familiale (FBT, Family-Based Treatment, ou traitement familial, également appelé méthode Maudsley) pour accompagner la reprise alimentaire de votre enfant :

  • L’enfant est envahi de pensées anorexiques : il a une peur intense de manger en particulier des aliments dits « caloriques »
  • Il s’agit de redonner dans un premier temps le contrôle de l’alimentation aux parents. En effet l’enfant est pris au piège de la maladie et toute décision sur ce qu’il doit manger génère une culpabilité insupportable. Les parents soulagent l’enfant s’ils prennent eux-mêmes les décisions sur ce qui doit être mis dans son assiette. 
  • Il faut montrer une unité parentale concernant la constitution d’un repas normal. Toutes hésitations ou différends sont l’occasion pour l’anorexie de reprendre le contrôle.
  • La ténacité est de mise. La lutte contre la maladie est normale et ne doit pas se transformer en combat contre l’enfant. Votre ennemi commun est l’anorexie même si dans un premier temps l’enfant fait la confusion entre l’anorexie et lui-même.
  • Le repas doit rester aussi normal que possible. Il est important de maintenir des conversations du quotidien sur des sujets que l’enfant aime (famille, amis, école, loisir…) même lorsque le repas est difficile.

 

Soyez déterminé, compatissant, calme et faites preuve de créativité !

 

Conseils de lecture et de vidéos pour les parents :

  • Vous pouvez trouver des vidéos d’Eva MUSBY sur YouTube : 

https://youtu.be/lzIx7WbE4Dc

  • Comment Aider votre fille à sortir de l’anorexie  de Yves Simon 
  • Anorexie, boulimie : Vous pouvez aider votre enfant  de Solange Cook-Darzens.

 

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