
Votre enfant se lève la nuit, les yeux ouverts, et semble agir comme s’il était éveillé ? Ces épisodes peuvent surprendre, voire inquiéter, surtout lorsqu’il marche ou interagit avec son environnement sans réellement être conscient.
Il s’agit peut-être d’un épisode de somnambulisme, un trouble survenant en sommeil profond, impressionnant mais généralement bénin.
Le somnambulisme concerne de nombreux enfants, souvent de manière ponctuelle, et tend à disparaître avec l’âge. Cette fiche vous aide à comprendre ce phénomène, à sécuriser les épisodes, et à savoir quand consulter si nécessaire.
Comment se manifeste le somnambulisme ?
Un épisode de somnambulisme survient en première partie de nuit (1 à 3h après endormissement). Votre enfant peut avoir les yeux grands ouverts, avec un visage calme et peut donc sembler éveillé, alors qu’en réalité, il dort profondément. Contrairement aux terreurs nocturnes, il n’y a généralement pas de pleurs, de cris, ni de signes de terreur intense.
Il peut se lever, marcher lentement, sans agitation apparente, et réaliser des gestes parfois complexes : ouvrir des portes, éviter des meubles, descendre des escaliers…Ces gestes sont souvent fluides, surtout si l’enfant connaît bien son environnement. Mais s’il est dans un lieu inhabituel, il peut se cogner ou se blesser. Il ne répond pas quand on lui parle, mais peut dire des choses incohérentes. S’il est raccompagné calmement dans son lit, sans tentative de le réveiller, il se recouche généralement sans résistance, et se rendort. Au réveil, votre enfant n’aura aucun souvenir de l’épisode.
En général, les épisodes durent moins de 10 minutes, avec un seul accès par nuit.
À quel âge cela peut-il apparaître ?
Le somnambulisme peut survenir dès l’âge de 2 ans, mais le pic de fréquence se situe classiquement entre 7 et 12 ans. Environ 20 % des enfants peuvent faire un épisode isolé, et seuls 3 % présentent des épisodes répétés. Il concerne plus souvent les garçons que les filles, et évolue favorablement avec l’âge. Chez 4 % des adultes, le somnambulisme peut persister.
Formes atypiques ou tardives
Parfois, le somnambulisme débute plus tard à l’adolescence. Les épisodes peuvent alors être plus agités : la démarche est moins fluide, l’expression plus anxieuse, le discours plus abondant, mais toujours incohérent. Ces formes tardives s’accompagnent aussi plus souvent de réactions agressives ou d’une agitation renforcée si on tente d’interagir ou de toucher l’adolescent.
Dans ces cas-là, le risque de blessure est plus important, notamment si l’épisode se déroule dans un environnement non sécurisé.
Somnambulisme et antécédents familiaux : comme pour les terreurs nocturnes et les éveils confusionnels, le somnambulisme survient souvent dans des familles où plusieurs personnes ont déjà présenté ce type de trouble du sommeil.
Quels facteurs peuvent favoriser leur apparition ?
Tout comme les terreurs nocturnes ou les éveils confusionnels, les épisodes de somnambulisme sont favorisés par :
- manque de sommeil, une fatigue excessive, un décalage horaire ou encore des rythmes irrégulier de lever/coucher,
- stress ou anxiété,
- activité physique trop intense le soir,
- environnement peu propice au sommeil (bruit, lumière…),
- prise de substances excitantes (thé, café à l’adolescence),
- maladies gênant le sommeil (fièvre, reflux, toux…),
- vessie pleine à cause d’une consommation excessive de liquides le soir.
Qu’en est-il des enfants avec un trouble du neurodéveloppement ?
Les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont souvent plus sensibles aux perturbations du sommeil. Ils peuvent présenter plus fréquemment des épisodes de cauchemars ou de terreurs nocturnes.
Cette sensibilité peut s’expliquer par une hypersensibilité sensorielle, des rythmes de sommeil particuliers ou des difficultés de régulation émotionnelle. Un accompagnement spécifique et une approche individualisée peuvent alors aider à améliorer la qualité du sommeil.
Que faire pendant et après un épisode de somnambulisme ?
Ces épisodes peuvent être déstabilisants pour vous, surtout lorsqu’ils impliquent des déplacements physiques ou un risque potentiel de blessure.
En effet, le principal risque est une mise en danger lors d’un épisode de somnambulisme comme ouvrir des portes, des fenêtres, casser des objets, sortir du domicile, descendre des escaliers, etc.
Les mises en danger sont rares mais le risque augmente si :
- les épisodes sont fréquents (plus d’une fois par semaine)
- de nombreux antécédents familiaux
- les épisodes durent de plus de 10 minutes
- l’enfant présente un réflexe d’échappement.
Le plus important est donc de sécuriser la chambre et le domicile. Voici quelques gestes simples à mettre en place pour aider votre enfant :
- Evitez de chercher à le réveiller ou le raisonner, cela pourrait augmenter les réactions de fuite ou d’agressivité
- Évitez qu’il ne se blesse en sécurisant les accès aux escaliers, aux objets fragiles, aux portes ou fenêtres.
- Accompagnez-le tranquillement vers son lit, en évitant tout geste brusque ou interaction insistante.
- Restez calme, silencieux, et le plus neutre possible dans votre posture.
- N’éclairez pas soudainement la pièce, ne touchez pas brutalement votre enfant et ne cherchez pas à engager une discussion.
Dans la majorité des cas, votre enfant se recouche et se rendort naturellement. Le lendemain matin, il ne gardera aucun souvenir de l’épisode. S’il n’exprime pas d’inquiétude, il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails. Un simple « Tu t’es levé cette nuit, mais tout va bien » peut suffire à le rassurer.
Au quotidien, il est primordial d’assurer une bonne hygiène du sommeil (lien vers fiche du sommeil ici) et d’éviter les facteurs favorisants.
Quand consulter un professionnel ?
Le somnambulisme est le plus souvent bénin, transitoire, et sans conséquence sur le développement de votre enfant. Il évolue souvent par période avec plusieurs épisodes pendant 2 à 3 semaines et puis aucun épisode pendant un mois. Cependant, dans certaines situations, il est recommandé d’en parler avec un professionnel de santé.
Vous pouvez consulter :
- si les épisodes sont fréquents (plus d’une fois par semaine),
- s’il y a des risques de blessure (environnement dangereux, tentative de sortie du domicile…),
- si les épisodes apparaissent pour la première fois à l’adolescence,
- ou s’ils ont des répercussions sur le quotidien (fatigue, difficultés de concentration, anxiété à l’endormissement…).
Le somnambulisme peut impressionner, mais il est généralement sans gravité et évolue favorablement avec l’âge. Avec un environnement sécurisé et des réactions calmes pendant les épisodes, vous pouvez grandement limiter les risques et rassurer votre enfant. Si la situation devient difficile à gérer ou si elle évolue, un accompagnement est possible.