
Votre enfant pleure, crie, s’agite ou semble éveillé pendant la nuit, et vous ne savez pas toujours ce qu’il se passe ? Ces épisodes sont souvent impressionnants, mais ils ne sont pas rares. Il peut s’agir de cauchemars, de terreurs nocturnes ou d’éveils confusionnels, trois troubles du sommeil très différents, mais souvent confondus.
Cette fiche vous aide à les distinguer, à comprendre ce que vit votre enfant et à savoir comment réagir au bon moment, sans paniquer.
Comment différencier ces épisodes ?
1- Les cauchemars sont de mauvais rêves intenses qui provoquent un éveil brusque de votre enfant, avec de la peur mais sans terreur intense, ni sueur, pâleur ou respiration forte. Ils surviennent pendant le sommeil paradoxal, généralement en milieu mais surtout en fin de nuit.
C’est un phénomène fréquent : 85 % des enfants font l’expérience de cauchemars, de manière isolée (donc pas toutes les nuits), avec des contenus de rêves variables. Dès l’âge de 3 ans, votre enfant est capable de différencier le rêve de la réalité.
Après un cauchemar, votre enfant est éveillé et peut vous appeler en pleurs, raconter ce mauvais rêve avec des propos cohérents, et vous pouvez le consoler. Parfois, il a du mal à se rendormir seul, car il craint de faire un nouveau cauchemar. À distance, il peut se souvenir qu’il a fait un cauchemar, même s’il en oublie progressivement le contenu.
Les cauchemars peuvent apparaître dès l’âge de 1 à 2 ans. Toutefois, ils deviennent plus fréquents à partir de 3 ans, avec un pic entre 6 et 10 ans. Chez 10% des enfants, les cauchemars peuvent être fréquents (survenant plusieurs fois par semaine) pouvant favoriser la principale complication : la crainte d’aller au lit. Ils concernent autant les garçons que les filles, mais peuvent persister plus fréquemment chez les filles à l’adolescence. Enfin, il n’y a pas de prédisposition familiale pour les cauchemars.
2- Les terreurs nocturnes sont des épisodes survenant pendant le sommeil profond, marqués par l’apparition brutale de cris ou de pleurs inconsolables et une impression de terreur intense. Votre enfant semble éveillé, alors qu’en réalité, il dort encore. Ces épisodes surviennent en début de nuit, généralement entre 1 et 3 heures après l’endormissement.
Il peut s’asseoir dans son lit, parfois tenter de s’en échapper, avoir les yeux ouverts avec un regard fixe, être pâle, en sueur, respirer de façon forte et saccadée, avec le cœur qui bat rapidement. Il peut prononcer des paroles incohérentes, ne pas répondre quand vous lui parlez, et ne pas vous reconnaître. Il est souvent impossible de le réveiller, et si vous essayez, cela peut provoquer des réactions de fuite ou d’agressivité.
Les terreurs nocturnes durent entre 1 et 20 minutes. Ensuite, votre enfant se “rendort” seul, et au réveil le lendemain, il n’a aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. En général, il n’y a qu’un seul épisode par nuit.
Elles peuvent survenir dès l’âge de 3 ans et sont plus fréquentes surviennent le plus souvent entre 4 et 8 ans. Elles concernent autant les garçons que les filles, et diminuent avec l’âge : environ 15 % des enfants de moins de 10 ans peuvent en faire occasionnellement, mais seuls 1 à 3 % présentent des épisodes répétés. Les terreurs nocturnes sont rares après 12 ans mais elles peuvent évoluer vers du somnambulisme (lien de la fiche). Dans les situations de terreurs nocturnes, on retrouve souvent plusieurs cas dans une même famille.
3- Les éveils confusionnels sont également des épisodes survenant pendant le sommeil profond, souvent confondus avec les terreurs nocturnes. Ils sont pourtant moins intenses et plus progressifs.
Ils apparaissent en début de nuit ou au cours d’une sieste, et peuvent se répéter plusieurs fois au cours de la nuit. Votre enfant semble réveillé, alors qu’il dort encore. Il peut grogner, pleurer, parler lentement, s’agiter, mais sort plus rarement du lit. Il ne répond pas à votre présence, et peut repousser vos tentatives de le consoler.
Ces épisodes peuvent durer de quelques minutes à plus d’une heure. Habituellement, il n’y a pas de terreurs intenses, pas de cris, ni de sueur ou de respiration saccadée. Au réveil, votre enfant ne garde aucun souvenir de l’épisode.
Ces accès sont fréquents chez les enfants : environ 17 % en font l’expérience, filles et garçons confondus. Ils peuvent survenir dès l’âge de 3 ans, diminuent dès l’âge de 5 ans, et peuvent persister à l’âge adulte dans environ 3 % des cas. Il existe également une prédisposition familiale pour les éveils confusionnels.
Quels facteurs peuvent favoriser leur apparition ?
Après avoir identifié le type d’épisode, il peut être utile de repérer ce qui, dans l’environnement ou le quotidien de votre enfant, pourrait favoriser leur apparition.
Les cauchemars peuvent être favorisés par :
- le stress ou l’anxiété,
- des éléments traumatiques,
- l’exposition à des contenus inadaptés pour l’âge (films violents, histoires effrayantes),
- un changement dans les routines de sommeil.
Les terreurs nocturnes et éveils confusionnels sont plus fréquents en cas de :
- manque de sommeil, une fatigue excessive, un décalage horaire ou encore des rythmes irrégulier de lever/coucher,
- stress ou anxiété,
- activité physique trop intense le soir,
- environnement peu propice au sommeil (bruit, lumière…),
- prise de substances excitantes (thé, café à l’adolescence),
- maladies gênant le sommeil (fièvre, reflux, toux…),
- vessie pleine à cause d’une consommation abondante de liquides le soir.
Qu’en est-il des enfants avec un trouble du neurodéveloppement ?
Les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont souvent plus sensibles aux perturbations du sommeil. Ils peuvent présenter plus fréquemment des épisodes de cauchemars ou de terreurs nocturnes.
Cette sensibilité peut s’expliquer par une hypersensibilité sensorielle, des rythmes de sommeil particuliers ou des difficultés de régulation émotionnelle. Un accompagnement spécifique et une approche individualisée peuvent alors aider à améliorer la qualité du sommeil.
Que faire pendant et après un épisode ?
Ces épisodes peuvent être très impressionnants, voire angoissants pour vous en tant que parent — surtout lorsqu’ils se répètent ou surviennent sans prévenir. Il est pourtant possible d’agir de manière calme et adaptée, même dans l’urgence.
En cas de cauchemars :
- Rassurez votre enfant et écoutez-le s’il souhaite raconter son rêve.
- Consolez-le et raccompagnez le dans son lit
- Offrez un environnement sécurisant (veilleuse, objet réconfortant) avec un rituel du sommeil (lecture, comptine, chanson, calin, etc.) que l’enfant peut réutiliser en cas de réveil dans la nuit.
- Évitez les contenus anxiogènes avant le coucher et respectez une bonne hygiène du sommeil (cf lien vers fiches sommeil)
En cas de terreurs nocturnes, éveils confusionnels :
- Sécuriser la chambre et le domicile afin de limiter les risques de blessures ou de mise en danger
- Lors des accès : ne cherchez pas à le réveiller ou à le contenir, assurez sa sécurité physique et ramenez le doucement dans le lit.
- Restez calme et neutre et veillez à ce qu’il se rendorme paisiblement.
- Au réveil, bien qu’il ne s’en souvienne pas, rassurez votre enfant et déculpabilisez-le.
- Évitez les facteurs de risques notamment en respectant une bonne hygiène du sommeil (cf lien vers fiches sommeil)
Quand consulter un professionnel ?
Ces troubles évoluent favorablement avec l’âge. Ils peuvent survenir en période, avec plusieurs épisodes sur quelques semaines, puis aucun pendant un moment. Cependant, dans certaines situations, il est important de consulter un professionnel spécialisé dans le sommeil de l’enfant.
Pour les cauchemars, il est recommandé de consulter si :
- les cauchemars sont fréquents (plusieurs fois par semaine) avec une répercussion sur le quotidien (fatigue, difficulté de concentration, irritabilité, etc.).
- votre enfant développe une peur du coucher,
- l’apparition ou la persistance des cauchemars à l’adolescence surtout s’ils s’accompagnent de stress ou de souffrance morale (cf. fiches stress aigu ou dépression ado).
Pour les terreurs nocturnes ou éveils confusionnels, il faut être attentif :
En cas de terreurs nocturnes ou d’éveils confusionnels, le principal risque est une mise en danger lors d’un épisode surtout s’il présente un réflexe d’échappement (tentative de fuite du lit ou de la pièce). Cela reste rare, mais peut survenir si votre enfant tente de fuir, se cogne, tombe, ou manifeste une agitation importante. Le plus important est alors de sécuriser la chambre et le domicile.
Il est conseillé de consulter un professionnel de santé en cas :
- d’épisodes fréquents,
- de mise en danger potentielle,
- ou de répercussions sur le quotidien (fatigue, difficulté de concentration, irritabilité, etc.).
À noter : Les terreurs nocturnes et les éveils confusionnels appartiennent à un même groupe de maladies du sommeil comprenant également le somnambulisme.. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche dédiée : Somnambulisme : comment réagir quand votre enfant marche en dormant ?